Isabelle prend un départ mesuré sur la Route du Rhum
Publié le 9 novembre 2022
Un départ tout de même sous tension
Après 72 heures d’attente supplémentaire à terre, Isabelle a pris en début d’après-midi le départ de la célèbre transocéanique, animée par un mélange d’excitation et d’appréhension. Aux côtés de ses 137 concurrents en solitaire répartis en 6 catégories, la navigatrice s’est élancée vers le cap Fréhel dans des conditions météo exceptionnelles : 15 à 20 nœuds de vent de secteur ouest, une mer stable et un soleil généreux. En dépit d’une météo bien plus maniable que les conditions anxiogènes qui ont poussé les organisateurs à décaler le coup d’envoi de l’épreuve initialement prévu dimanche, ce début de course s’annonce compliqué.
« Il faut être dans le rythme tout de suite. Les premiers tronçons sont tendus et très techniques car les pièges sont nombreux et la vigilance devra être extrême. Tout le monde va tirer des bords en remontant face au vent dans un couloir étroit jusqu’au cap Fréhel. En plus des croisements à répétition, des priorités à respecter, on doit composer avec des courants forts, les zones interdites à la navigation, le trafic maritime et les filets de pêche dérivants. Tout cela fait peser pas mal de risques, en particulier de collision. La difficulté consistera à prendre soin du bateau et de soi, tout en restant au contact. »
Isabelle Joschke
Une nouvelle course qui commence
La décision qui s‘est imposée aux organisateurs de repousser le départ de cette 12e édition de dimanche à mercredi a complètement rebattu les cartes et modifié les plans de l’ensemble des concurrents et de leur équipe. Si elle n‘avait pas envisagé cette éventualité, Isabelle avait déjà connu une situation similaire lors de la Mini Transat en 2007. Le départ avait été retardé pour les mêmes motifs et la skipper MACSF avait finalement remporté l’étape. Un scénario qu’elle aimerait bien revivre sur ce Rhum, même si la nouvelle fenêtre météo lui paraît moins favorable.
« Nous avons dû revoir notre stratégie de course à zéro. Les bateaux qui sont bons au près comme MACSF pouvaient espérer tirer leur épingle du jeu car c’était plutôt une transat qui devait se courir au près, donc dans des conditions qui avantagent mon bateau. De plus, MACSF se comporte super bien dans le gros temps même si aucun bateau n’aime les tempêtes. Cette fois on va retrouver du portant. On n’est plus du tout dans le même schéma… »
Une première dépression à négocier très rapidement
A l’image de ses pairs, Isabelle n’aura guère le temps de souffler. A la suite d’une sortie de Manche engagée, un premier front froid s’avance sur la route des concurrents dès vendredi avec 5 à 6 mètres de houle et des rafales pouvant dépasser les 40 nœuds. Derrière ce front, la flotte traversera une zone de transition avec peu de vent, avant de rencontrer un second front, sans doute moins actif.
« Nous allons probablement enchaîner deux gros coups de vent très rapprochés. Même s’il s’agit d’un autre schéma par rapport à ce qui nous attendait dimanche, la traversée de l’Atlantique reste engagée et intense. Nous allons au-devant de situations que l’on rencontre régulièrement, même si elles sont dures. Ensuite, en descendant vers le sud, les conditions de navigation devraient s’améliorer. Nous devrions attraper les alizés, qui sont des vents portants au sud de l’Anticyclone des Açores puis, une fois sur cette autoroute, nos bateaux pourront atteindre des vitesses élevées. Le report de la course et l’évolution de la météo ces derniers jours avec des conditions très variées sont venus nous rappeler que les éléments restaient, au final, les plus forts. C’est la nature qui continue à dicter la marche de notre sport. Il ne faut jamais l’oublier. »