Mardi 30 mars 2021
Zoom sur le chantier post-Vendée Globe de l’IMOCA MACSF
C’est reparti pour un tour ! L’équipe technique Voile MACSF s’engage dans un nouveau chantier, qui devrait s’étendre de la mi-mars à la mi-mai 2021. Au cœur du hangar Lanic Sport Team de Lorient, spécialistes et experts se succèdent autour de l’IMOCA, dans l’objectif d’offrir au voilier d’Isabelle une cure de remise en forme avant la reprise de la compétition, prévue dès le mois d’août.
Garants du bon déroulement des travaux, Alain Gautier, team manager, Florian Giffrain, boat captain, et Marine Viau, coordinatrice générale du projet, nous fournissent quelques explications sur les différentes étapes du chantier.
Consolider la coque
« La semaine dernière, deux experts sont venus inspecter la coque du bateau, ainsi que le mât et les safrans. Pour ce faire, ils ont eu recourt à deux méthodes : le passage d’une sonde à ultrasons et le tapping, technique consistant à taper sur la coque avec un petit outil métallique afin de déceler, grâce au bruit de la résonance, les zones abimées. La structure de la coque se résume en un empilement de fibres de carbone. Si deux fibres sont désolidarisées (ou délaminées), cela ne sonnera pas pareil, et traduira une fragilité au niveau de la zone inspectée. Cette analyse a permis de mettre en lumière plusieurs zone endommagées, principalement situées à l’avant du bateau. Rien de bien dramatique à déclarer pour autant. N’oublions pas qu’il s’agit d’un bateau qui vient d’effectuer un tour du monde, après avoir subi un chantier d’envergure en 2019, le transformant en une machine beaucoup plus rapide et exigeante. A la vue de toutes ces données, l’IMOCA MACSF a plutôt bien tenu le choc ! » détaille Alain.
En arpentant le chantier, aux abords de l’étrave du bateau, on perçoit un bruit de meule. Brrrrrrrzzzzzzzzzzzzz… Ne cherchez pas autour de vous, l’origine de ce bourdonnement strident provient de l’intérieur de l’IMOCA, tout à l’avant du bateau. Florian nous apporte quelques explications :
« Jean-Marie, notre expert en strates, meule actuellement toutes les surfaces abimées jusqu’à atteindre une couche plus lisse et propre. Il intervient dans une zone exiguë située juste en arrière de la crash box. Une fois ce travail effectué (il faut compter environ une semaine et demie de boulot), il pourra procéder à la reconstruction, avec plusieurs phases de stratifications. Cette seconde phase devrait l’occuper pendant une quinzaine de jours. La zone située à l’avant de l’IMOCA est constituée uniquement de carbone pur (on parle de structure monolithique). Quand on recule vers l’arrière du bateau, on retrouve une texture « en sandwich », constituée de structure en nid d’abeille enveloppée de peaux de carbone. »
Réparer le puits de quille
En parallèle du renforcement de la structure de la coque, l’équipe technique va s’atteler à l’autre dossier majeur de ce chantier : la réparation du puits de quille. Cette zone a été mise à mal lorsque le bateau s’est retrouvé couché sur l’eau lors du passage d’une dépression dans la nuit du 10 au 11 janvier sur l’Océan Atlantique.
« La quille n’étant plus tenue suite à la rupture du faux vérin, cette dernière est venue taper sur le puits de quille et l’a endommagé. Nous nous en sortons très bien car les conséquences d’un tel choc auraient pu être beaucoup plus graves. L’équipe avait déjà effectué une première réparation à Salvador de Bahia, dans des conditions loin d’être optimales. Afin de renforcer la zone en bonne et due forme, il va donc nous falloir enlever ce qui a été fait à Bahia, et recommencer à zéro. Ce chantier composites devrait durer un bon mois » détaille Alain.
« Le vérin de quille a quant à lui été démonté aux Sables-d’Olonne, avant le convoyage retour du bateau, afin de gagner du temps. Il est actuellement chez notre fournisseur à la Rochelle où il va être réparé, modifié et optimisé vers une version plus fiable et uniforme. Il s’agit d’un vérin « custom », c’est -à-dire qu’il été fabriqué sur-mesure pour ce bateau. Nous allons le faire évoluer vers une version hybride, en mixant le modèle monotype (depuis 2016 tous les IMOCA sont équipés avec le même type de vérin .ndlr) et notre modèle actuel. Le faux vérin subira le même sort » complète Marine.
Une prochaine réunion en présence des architectes du bateau devrait déclencher le lancement des travaux autour de cette zone.
Dossiers annexes
Nous avons évoqué la réparation du puits de quille, mais qu’en est-il de la quille elle-même ? Rassurez-vous, aucun dégât matériel n’est à déplorer sur cette dernière, qui profite actuellement d’une cure de jouvence à Hennebont, où elle s’apprête à être entièrement repeinte et ré-enduite !
A bord, tout a été démonté et envoyé en révision. Le désalinisateur, les équipements liés à la production d’énergie, le matériel de spare, les systèmes électroniques, mécaniques, hydrauliques… Le bateau n’est plus en configuration Vendée Globe : le chauffage et le deuxième réservoir ont été retirés, permettant au voilier de s’alléger à nouveau. Les systèmes de foils, le mât et les voiles ont également subi un check-up complet. Et le bilan est très positif.
« On connaît bien le célèbre adage du Vendée Globe : « une emmerde par jour ». Nous nous attendions donc à une job list’ monumentale au retour du bateau. Finalement le chantier n’est pas si gigantesque. Nous allons apporter quelques petites améliorations dans le cadre de son aménagement, en déplaçant deux trois choses à gauche à droite pour essayer de gagner un peu de poids. Ce sont des modifications infimes, et pourtant on se rend compte que l’on peut gagner quelques dizaines de kilos en jouant simplement sur l’ergonomie et le remplacement de certains équipements ! » explique Marine.
Enfin, l’équipe technique va s’étoffer avec l’arrivée de Bruno Behuret, spécialiste en accastillage, systèmes hydrauliques et mécanique.
« Bruno est un préparateur très expérimenté et polyvalent. Il a notamment fait partie de l’équipe de Bertrand de Broc en 2016 aux côtés de la MACSF. Par son regard et ses compétences, il va pouvoir partager son expérience au sein de notre team, qui est relativement jeune. Durant la période de chantier, nous pouvons également compter sur l’aide de Quentin Mocudet, qui effectue son stage de licence 3 composites à nos côtés » conclut Florian.
La mise à l’eau du voilier MACSF est prévue pour la mi-mai. La reprise des entraînements devrait suivre rapidement, dès le début du mois de juin. D’ici là, il reste encore un petit peu de boulot !
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