Deux caps sur trois validés pour Isabelle !

Publié le 17 décembre 2024

Et de deux ! Isabelle a dépassé le Cap Leeuwin, deuxième des trois caps symboliques du Vendée Globe, ce mardi 17 décembre à 7h15 et 32 secondes (heure française). Il lui aura fallu 36 jours, 18 heures, 13 minutes et 32 secondes pour franchir la longitude de la pointe sud-ouest de l’Australie. Actuellement en 17e position, notre navigatrice fait toujours route plein Est vers la Tasmanie, escortée par ses deux compagnons de route, Jean Le Cam et Alan Roura. 

Le Cap de la délivrance

Après une descente de l’Atlantique globalement reposante, le passage du Cap de Bonne Espérance (dans la nuit du 4 au 5 décembre) et l’entrée dans l’Océan Indien ont marqué une transition brutale dans l’aventure de notre skipper ! Dans cette zone du globe, les dépressions se succèdent, la mer bouillonne et Éole se montre particulièrement instable et capricieux, avec des alternances de vent fort entre 30 et 40 nœuds et quelques rares moments de répit (20-25 nœuds).

Ces conditions de navigation sont particulièrement éprouvantes pour les marins comme pour leurs bateaux, et peuvent se révéler périlleuses…. Alors Isabelle a fait le choix de la prudence, en se plaçant plutôt en arrière des dépressions, en contrôlant sa vitesse, et en profitant autant que possible des courtes périodes d’accalmie pour se reposer et recharger les batteries face à l’accumulation de fatigue :

« Dès que le vent se calme un peu, je dors autant que possible et je mange bien. J’essaie de prendre soin de moi pour récupérer car les passages de front, les grains et les dépressions s’enchainent. L’idée est de se mettre à l’abri de situations qui pourraient engendrer de la casse. Et déjà, là où je navigue, j’ai franchement eu chaud à plusieurs reprises. J’ai eu des petites frayeurs dans les moments de vent fort, avec des bosses de ris qui se sont coincées et une drisse d’enrouleur qui a fait un nœud au moment où j’enroulais mon petit gennaker. J’ai eu peur à la fois de me mettre en danger pour aller défaire le nœud, et en même temps de déchirer mes voiles. »

… expliquait Isabelle le 11 décembre dernier

Et pourtant, depuis hier, on assiste à un changement d’ambiance radical ! Si le vent reste soutenu, la mer s’est apaisée et aplatie, permettant à Isabelle de renouer avec quelques loisirs, comme la lecture. Elle s’est même autorisée à regarder son deuxième film depuis le début du Vendée Globe (« Le Prénom »). En atteste le message adressé ce matin, quelques minutes après le passage du Cap Leeuwin, à la pointe sud-ouest de l’Australie :

« Hello la terre ! Je viens de passer le Cap Leeuwin et c’est une véritable délivrance ! Depuis Bonne Esperance j’ai navigué de tempête en coup de vent dans une mer épouvantable. Ça s’est enfin calmé. Depuis hier, j’ai l’impression de revivre et je mesure toute la fatigue accumulée ces derniers jours. Cette nuit j’ai beaucoup dormi pendant que MACSF cravachait pour rester au maximum à l’avant du flux de nord-ouest. »

La course dans la course

Depuis Bonne Espérance, Isabelle navigue au coude à coude avec deux concurrents : Jean Le Cam et Alan Roura. Une configuration qui surprend d’autant plus lorsqu’on sait que les trois marins disposent d’IMOCA radicalement différents. Car face au nouveau monocoque à dérive de Jean Le Cam et au foiler redessiné et très puissant d’Alan Roura, le fidèle MACSF d’Isabelle, datant de 2007 et figurant parmi les plus vieux voiliers de la flotte, ne se laisse pas impressionner et démontre même un très joli potentiel !

Fidèle à sa stratégie de miser sur le long terme et de préserver au maximum son bateau, Isabelle a décidé de mener sa propre course, sans se laisser influencer par la cadence de ses concurrents. Malgré tout, la navigatrice ne cache pas sa joie de pouvoir se jauger, échanger et de se frotter à des voiliers plus récents en se lançant dans une course dans la course !

« J’ai beaucoup aimé ma course entre les deux groupes dans l’Atlantique mais je dois avouer qu’avoir Jean et Alan à mes côtés est plutôt agréable. Il y a une certaine émulation justement. Ce qui est chouette c’est de pouvoir échanger et discuter un peu. Je me rends compte que nous avons les mêmes galères et que nous souffrons de la même façon. C’est quelque part assez réconfortant. Nos trois bateaux sont très différents et c’est très intéressant de découvrir que nous nous tenons depuis tout ce temps ! »

Après les dépressions infernales, la navigation sous le continent australien devrait désormais offrir à Isabelle de belles phases de repos. Une aubaine pour se ressourcer après deux semaines de navigation épuisantes, et reprendre sereinement de la vigueur pour le prochain grand événement qui se dresse sur la route de notre navigatrice : l’entrée dans le Pacifique, 1300 milles devant l’étrave de l’IMOCA MACSF.