Lundi 14 décembre 2020

Isabelle se réjouit de la bagarre à venir !

Isabelle a franchi ce lundi à 12h09 HF la longitude du cap Leeuwin, le deuxième des trois grands caps au menu du Vendée Globe. Depuis le départ du tour du monde des Sables d’Olonne le 8 novembre dernier, la skipper de l’IMOCA MACSF a mis 35 jours 21 heures et 49 minutes pour doubler cette ligne symbolique située à la pointe Sud-Ouest de l’Australie. Pour rappel, elle avait atteint le cap de Bonne-Espérance il y a 11 jours 14 heures et 29 minutes. Malgré des conditions de navigation éprouvantes pour les nerfs dans l’Océan Indien et deux avaries qui l’ont obligée dimanche à sortir à nouveau la boite à outils, notre navigatrice se sent de mieux en mieux dans la course. Samedi après-midi, elle a même réalisé la meilleure vitesse moyenne de la flotte sur les dernières 24 heures ! Désormais 9e, elle compte à peine 145 milles de retard sur le 4e, Damien Seguin (Groupe APICIL).

Une régate au contact

Isabelle a enclenché la vitesse supérieure ! Flashée avec la meilleure vitesse moyenne sur les dernières 24 heures samedi après-midi, elle est revenue comme une balle sur les talons de Boris Hermann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) et n’entend pas en rester là :

« Je suis contente. Je ne pensais pas que cela se resserrait autant et que j’aurais l’opportunité de revenir aussi près du groupe de tête. C’est très chouette. J’ai eu de belles conditions pour revenir, ça redonne du goût à la course en tant que régate. Depuis le cap de Bonne Espérance, il y a eu beaucoup de jeu en termes de gestion de vitesse et de tactique. Je me régale »

En mode bricolage

Sur le Vendée Globe, les ennuis arrivent souvent en escadrille. Dans la nuit de samedi à dimanche, Isabelle en a fait l’amère expérience : elle a connu deux avaries coup sur coup ! Des mésaventures d’autant plus frustrantes que le temps perdu à réparer coûtera cher en raison des conditions météo attendues pour les prochaines 48 heures, plutôt favorables au trio de tête qui va pouvoir creuser l’écart sur ses poursuivants.

« J’ai connu une nuit fatigante. Les conditions s’étaient bien calmées au niveau de la mer et des grosses rafales. J’envisageais de dormir un peu pour récupérer et… bing ! J’ai eu des soucis avec les deux enrouleurs de mes gennakers. Quand ça ne veut pas… J’ai passé un moment dessus pour les réparer, du temps qui m’a fait perdre du terrain sur la tête de course. Je suis un peu frustrée même si je suis satisfaite d’être parvenue à régler ces problèmes »

Des moments nerveusement douloureux dans l’Indien 

La sortie de l’Océan Indien est proche et notre skipper ne va pas s’en plaindre ! Avec ses mers défoncées et ses vents très irréguliers en force comme en direction, il a mené la vie dure aux marins, compliquant dans les grandes largeurs la progression du premier tiers de la course.  

« Depuis le cap de Bonne-Espérance, c’est extrêmement usant. J’ai eu de grosses montées de stress dans du vent fort. A un moment donné, je n’avais qu’une envie, c’était de sortir de là. Cela me tapait sur les nerfs. Le bateau prenait des accélérations brutalement sans prévenir. En 30 secondes, le vent pouvait passer de 25 à 40 nœuds. Ça signifie qu’il faut aller à toute vitesse choquer les voiles, adapter la trajectoire, vérifier que l’enfournement ne soit pas trop fort, et éventuellement remonter aussi un peu le foil. J’étais sollicitée en permanence un peu comme une souris prise dans les griffes d’un chat qui la prend puis la relâche avant de l’attraper à nouveau. J’en suis arrivée à ne même plus pouvoir m’allonger dans ma bannette, car je savais qu’il fallait être capable de monter sur le pont en 10 secondes. C’est un « on / off » en permanence. Le bateau tapait dans la vague au portant. Quand tu avances à 34 nœuds et que tu ne sais pas si le bateau va finir par se crasher dans une vague, c’est hyper chaud »

Des petits et des grands bonheurs quand même

Si la traversée de cette « mer australe » n’a pas été de tout repos, excepté sur sa fin, Isabelle retire aussi du positif de son voyage entre les caps de Bonne-Espérance et Leeuwin.

« La galère en soi n’était pas très agréable à vivre. Mais elle ne doit pas faire oublier les émotions intenses que j’ai vécu avec la découverte de paysages magnifiques et puis ces impressions étranges quand on est tout seul au bout du monde. Il y a à la fois du noir et du blanc, c’est très contrasté. D’un côté un sentiment de solitude absolue et de l’autre la sensation d’être présent à un endroit où l’on vit quelque chose de tellement intense et de tellement fort. C’est presque extatique. Vraiment dur à vivre et en même temps très très beau »

Sur le plan physique et au niveau du mental, les voyants sont au vert pour Isabelle Joschke. Plus la course avance, mieux elle se sent. Et le retour de conditions de navigation annoncées plus clémentes sous l’Australie n’y est pas étranger…

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