Dimanche 7 février 2021
« J’avais hâte de repartir »
Isabelle a quitté Salvador de Bahia (Brésil) ce vendredi 5 février pour boucler son tour du monde en solitaire et rallier les Sables d’Olonne, hors course. Notre skipper était à la vacation de ce dimanche.
« Je suis hyper contente d’être repartie, contente que cela ait été possible, car ce n’était pas forcément gagné. Je commençais à avoir hâte. Ça fait bientôt 48h que j’ai quitté Salvador de Bahia. Je navigue au près. J’ai retrouvé un alizé, des conditions assez sympas pour le bateau. Je sais que le retour ne va pas être toujours très confortable alors je profite de ces moments. Je longe le Brésil, suffisamment à distance pour me tenir éloignée du trafic. J’espérais repartir avec le même potentiel qu’au départ pour mon bateau, mais il s’avère que c’est plus compliqué car le vérin était quand même abimé. Je repars dans les conditions dans lesquelles j’ai passé le cap Horn, c’est-à-dire avec une quille qui ne peut pas vraiment bouger mais en sécurité. C’est le plus important.
Ça fait quelque chose d’être de nouveau en mer. Ce bateau est un peu devenu ma maison depuis trois mois ! Pendant un moment, je pensais que mon histoire s’arrêterait définitivement au Brésil. C’est vraiment chouette pour moi d’apporter une vraie fin à cette histoire, en ramenant le bateau d’abord aux Sables d’Olonne, puis à Lorient. Symboliquement, c’est hyper important. Ça permet de terminer une histoire qui était déjà vraiment extra et qui s’est arrêtée de manière un peu brutale.
Je n’ai pas pu rejoindre Sam (Samantha Davies) tout de suite en partant de Salvador de Bahia car les conditions ne s’y prêtaient pas. Comme son bateau n’est, lui non plus, pas à 100% de son potentiel d’un point de vue technique, elle préfère pour l’instant garder un peu d’avance parce qu’elle pense que je vais la rattraper. Mais l’idée c’est vraiment de terminer la route ensemble. Pour l’instant nous profitons de vents cléments. Une fois que l’on sera sorties des alizés de l’hémisphère Nord, ce sera aussi bien d’être ensemble et d’être là l’une pour l’autre en cas de pépins, si on rencontre de grosses conditions. On est en lien l’une avec l’autre, on se tient au courant de la météo, de ce que l’on fait. On va choisir la même route pour se retrouver.
Pour l’instant, ce qui nous attend c’est du près, avec un Pot au Noir pas facile à passer me semble-t-il, puis certainement du reaching serré (vent de travers) en sortie de Pot au Noir, donc quelque chose d’assez classique. Et puis derrière, ce n’est pas très clair. Je dois avouer qu’il y a des routages dont j’ai un petit peu peur, avec des dépressions qui se succèdent, assez creuses pour certaines. Donc vraiment, ce qui va se passer sur la fin du parcours, d’ici 15 jours, c’est assez incertain.
Ça me fait vraiment plaisir qu’il y ait autant de monde derrière nous et d’être soutenue comme ça. C’est super important. Ça m’a donné beaucoup de motivation pour surmonter les épreuves et très vite passer à autre chose. A chaque difficulté, j’ai vu que j’arrivais à repartir. De me savoir ainsi soutenue, grâce aux messages que mon équipe me transférait, m’a beaucoup aidée. J’ai vécu une histoire magnifique, j’ai beaucoup de chance d’avoir franchi les trois caps, d’avoir été dans le match dans les mers du Sud et de voir que j’étais capable de bien naviguer. Pour moi, ce sont de très très bons souvenirs. Aujourd’hui, je suis heureuse de terminer ce parcours, de pouvoir arriver aux Sables d’Olonne. Et même si on a eu une grosse déception avec mon équipe, je crois que ça va être très vite oublié. Je vais surtout retenir que j’ai eu la chance de vivre plus de 60 jours de match, et que c’était absolument extra. »
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