Dimanche 8 novembre 2020
Émue et heureuse, Isabelle a lancé son tour du monde
Elle a désormais rendez-vous avec son destin. Aujourd’hui, dimanche 8 novembre, Isabelle Joschke a basculé dans un autre monde en coupant à 14h20 la ligne de départ du 9ème Vendée Globe au large des Sables d’Olonne. Mais pour la skipper de l’IMOCA MASCF et l’ensemble de la flotte, il a fallu faire preuve de patience et garder la tête froide avant que ne soit donné le coup d’envoi de cette course décidément à part.
Un départ retardé par le brouillard
Sur un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, l’adage dit qu’il faut toujours s’attendre à ce que rien ne se passe comme prévu. Une fois encore, le Vendée Globe a été fidèle à sa réputation. Si un soleil estival avait illuminé les premières heures de la matinée, un brouillard épais tombé brutalement sur la zone de départ, délimitée au large des Sables d’Olonne, a obligé les organisateurs à reporter à quatre reprises le coup de canon par manque de visibilité sur la ligne.
C’est donc avec une heure et 18 minutes de retard sur l’horaire officiel prévu qu’Isabelle Joschke et les 32 autres participants du Vendée Globe se sont élancés sur une mer d’huile portés par un vent de sud-est d’une quinzaine de nœuds.
« Isabelle a réussi un superbe départ dans des conditions magnifiques. C’est dommage qu’il y ait eu cette bouée de dégagement qui a contraint les bateaux à aller moins vite. Elle a pris un bon départ mais pas forcément au bon endroit. Il fallait peut-être être un peu plus au nord de la ligne pour avoir un meilleur cap. Ce n’est pas bien grave, on est sur un Vendée Globe, la course ne fait que commencer. Le plus important est qu’elle soit partie en forme, motivée et heureuse »
…confie Alain Gautier, le team manager du projet MACSF, vainqueur du Vendée Globe 1992-1993
Isabelle Joschke réalise son rêve
Ce matin, Isabelle Joschke était heureuse de vivre ce moment très spécial. En prenant le départ de la course, elle réalise son rêve d’enfant. Les tempêtes et les jours difficiles, inévitables sur un tour du monde, et la pression qui les accompagnent, attendront. La skipper de l’IMOCA MACSF a vécu l’un des plus beaux jours de sa vie.
« C’est vraiment une très très belle journée. En fait je suis toute émue. Je me suis couchée dans la joie et ce matin je me suis réveillée heureuse en sachant que j’allais monter sur mon bateau. Je vais partir faire le tour du monde ! Je suis complètement dans l’émotion de ce que je vais vivre. Je réalise la chance que j’ai de partir dans de telles conditions, de pouvoir m’offrir un départ comme je l’entends, une entrée en douceur, au rythme que j’ai choisi. Le départ du Vendée Globe c’est un formidable cadeau, c’est à la fois une page qui se ferme et une autre qui s’ouvre et reste à écrire. La page de la préparation était une première aventure en soi, avec tout ce qu’on a traversé pour être présent ici aujourd’hui. J’ai un bateau magnifique, un sponsor qui croit en moi et une équipe en or. Place maintenant à l’aventure qui va se dérouler sur l’eau »
Isabelle Joschke, skipper de l’IMOCA MACSF
Un dernier bain de foule dans le chenal
Dans la matinée, Isabelle Joschke avait été l’une des dernières parmi les 33 hommes et femmes de la flotte à appareiller du ponton de Port Olona. La remontée du chenal, un des temps forts du départ où les spectateurs sont d’ordinaire près de 300 000, avait une saveur toute particulière cette année puisque le public n’avait pas été autorisé à participer à la fête en raison de l’état d’urgence sanitaire. Mais elle ne s’est pas pour autant tenue à huis clos. Absents sur les quais, des Sablais avait mis le nez à la fenêtre et au balcon pour encourager sous un ciel azur les tourdumondistes. Postée sur le pont avant de son bateau, Isabelle Joschke, émue, a profité pleinement de ce dernier bain de foule et d’une haie d’honneur formée par les équipes concurrentes avant de prendre le large.
Jouer les trouble-fêtes
C’est désormais un voyage en mer inconnue et en solitude qui attend Isabelle Joschke qui dispute son premier tour du monde. Un périple planétaire qui devrait durer autour de trois mois pour la navigatrice franco-allemande qui nourrit des ambitions sportives légitimes.
Si elle ne dispose pas d’un foiler de dernière génération, Isabelle Joschke et son équipe ont su optimiser MACSF qui passe pour l’un des meilleurs bateaux de la génération 2007. Le monocoque de 60 pieds connait déjà la route puisqu’il avait permis à Yann Eliès de se hisser à la 5e place de la dernière édition. Depuis 2019, il a été complètement repensé techniquement pour gagner en vitesse et s’adapter au profil d’Isabelle Joschke.
Derrière les favoris de la compétition, la navigatrice franco-allemande a les capacités de jouer les premiers rôles dans le deuxième peloton. Les courses de préparation d’avant-saison, la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne et le Défi Azimut où elle a brillé, l’ont mise en confiance et en appétit.
Une météo redoutable à l’horizon
Si depuis le début d’après-midi, la flotte a bénéficié de conditions météo et de navigation clémentes, la suite s’annonce plus compliquée en s’éloignant des côtes françaises avec dès cette nuit le passage d’un premier front. Chef d’orchestre du projet MACSF, Alain Gautier analyse les changements qui attendent les marins dans les heures qui viennent :
« Ils sont partis au vent portant. La dépression va arriver avec des vents qui vont se renforcer puis tourner. Les concurrents devront effectuer des manœuvres en milieu de nuit vers deux ou trois heures du matin. Ils feront cap vers l’ouest. Une fois que le front sera passé, ils vont peut-être faire du sud. Et on annonce pour mardi l’arrivée d’un deuxième front encore plus costaud »
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