Isabelle entame son 18e jour de course sur le Vendée Globe

Publié le 27 novembre 2024

Désormais pleinement entrée dans sa course, Isabelle évolue actuellement en 19e position de la flotte des 39 concurrents restant en lice sur le Vendée Globe. Progressivement, notre skipper a su trouver son rythme. A bord de son fidèle MACSF, elle mène une navigation à son image, à la fois maîtrisée et intuitive.

Une entame de tour du monde en deux temps

La météo quasi idyllique du départ du Vendée Globe a rapidement laissé place à des conditions particulièrement toniques dès le deuxième jour de course, au passage du cap Finisterre. Une situation qui a contraint Isabelle à multiplier les manœuvres, en se laissant entraîner dans un rythme effréné, face auquel elle s’est rapidement sentie à contre-temps :

« J’avais envie d’être dans le match tout de suite. J’ai voulu sortir tout mon jeu de voiles, petit, grand et tout petit gennaker, je me suis laissée embarquer dans une navigation qui ne me ressemble pas. J’ai eu du mal à placer le curseur, je me suis épuisée. J’aurais dû choisir la simplicité, ce qui est mon état d’esprit pour le Vendée Globe. Je n’étais pas en phase et j’ai eu le sentiment d’avoir été rattrapée par l’ancien Vendée Globe. J’ai raté ma stratégie et ma capacité à avancer. »

L’entame du tour du monde d’Isabelle a également été marquée par la déchirure d’une des voiles de l’IMOCA MACSF dans un passage de vent particulièrement fort (40 nœuds) dans le Golfe de Gascogne.

Finalement, la patience et la capacité de résilience de notre skipper ont porté leurs fruits, à l’approche de l’archipel de Madère. Au quatrième jour de navigation, Isabelle sent enfin qu’elle est entrée dans sa course, renouant avec sa manière de naviguer. Plus sereine, elle se sent à sa place et est déterminée à rattraper les milles de retard accumulés sur ses concurrents depuis le coup d’envoi du tour du monde.

La remontada à la frontière du Pot au Noir

De grandes zones de molle (vent faible) ont succédé aux belles sessions de glisse au large de Madère, barrant la route des concurrents en tête de peloton. Au terme d’une semaine de course, on assiste alors à un rassemblement général de l’ensemble de la flotte. Une situation que notre skipper accueille avec beaucoup d’enthousiasme, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une belle accalmie et de la hausse des températures :

« Il fait beau, il commence à faire chaud, il y a du vent tout le temps. Ce n’est pas sollicitant en fait. J’en profite pour me reposer et ranger car les premiers jours de course ont été éprouvants et le bateau est un peu en bazar. Et puis il y a une bonne surprise : je suis revenue dans le match ! »

Tandis que le Pot au Noir se profile à l’horizon, Isabelle a choisi de suivre une route très à l’ouest dans l’espoir de retrouver du vent au plus vite et attaquer la traversée du fameux front intertropical avec un bon angle de vent. Si elle ne s’y est pas retrouvée engluée trop longtemps, le passage du Pot au Noir s’est révélé très actif (cumulonimbus, orages violents, pluies diluviennes, vents faibles et variables) et donc éprouvant pour les nerfs :

« Ça n’a pas été la catastrophe pour moi, parce que je ne me suis pas arrêtée complètement. Mais ça s’est fait en deux phases : j’ai un temps pensé être sortie, mais je me suis pris une douche froide quand j’ai compris que ce n’était pas le cas… Un gros tas de nuages me suivait, j’ai eu une deuxième journée et une deuxième nuit avec des gros ralentissements et des grains qui m’empêchaient de faire ma route dans la bonne direction. C’était difficile de dormir et pas vraiment reposant. »

La délivrance arrive avec le franchissement de l’équateur dans la nuit du 22 au 23 novembre, au bout de 12 jours, 11 heures, 50 minutes et 55 secondes de navigation. Notre skipper célèbre ce jalon symbolique de la course et son entrée dans l’Atlantique Sud en ouvrant sa meilleure boîte de chocolats.

Jouer sa propre partition dans l’hémisphère sud

En ce mercredi 27 novembre, Isabelle et son fidèle MACSF évoluent en 19e position de la flotte, fermant la marche du peloton de tête. Dimanche dernier, les bateaux les plus rapides ont pu surfer sur la dépression arrivant du Brésil pour s’échapper à toute allure vers le Cap de Bonne Esperance. Isabelle n’est quant à elle pas arrivée à temps pour prendre le train de ces vents portants. Jours après jours, les écarts avec les premiers se creusent :

« Je vais essayer de me glisser dans les petits flux de vent pour attraper une autre dépression, celle d’après. Les bateaux en tête n’ont pas du tout le même potentiel de vitesse que le mien. Même si on était côte à côte, ils iraient beaucoup plus vite. Ils sont insuivables ! Ils sont désormais dans une zone de vent et la situation ne va faire que s’amplifier. Donc je ne cherche pas à les rattraper. Je vais devoir adopter une stratégie différente d’eux parce que je ne vais pas rencontrer les mêmes phénomènes. »

Si elle a raté le passage de ce train à grande vitesse, notre skipper a tout de même eu de la réussite au cours des derniers jours, en profitant d’un couloir de vent envoyé par une petite dépression. Ce qui est pris est pris, et n’est plus à prendre !

La bascule dans l’hémisphère sud étant faite, de nouveaux objectifs se profilent devant l’étrave de l’IMOCA MACSF : les mers du sud et le cap de Bonne Espérance, qu’elle espère passer dans une dizaine de jours. Cette descente de l’Atlantique ne s’annonce pas facile car à la baisse progressive des températures (et d’un certain confort) vient s’ajouter une difficulté supplémentaire : trouver du vent dans la zone de transition qui s’est creusée sous la dépression brésilienne.

Il va donc falloir s’armer de patience au fil des prochains jours, faire le tour de l’anticyclone de Sainte-Hélène, et trouver le bon train pour se glisser dans les mers du sud. A l’écoute de son corps et de ses besoins, Isabelle sait que les phases de repos seront ses meilleures alliées pour rester vigilante et prendre de bonnes décisions stratégiques.