Jeudi 3 décembre 2020

Isabelle entre dans le Grand Sud !

Isabelle a franchi ce mercredi 2 décembre 2020 à 16h44 (heure française) la longitude du Cap de Bonne Espérance, le premier des trois caps mythiques sur la route du Vendée Globe. La skipper de MACSF a coupé la ligne imaginaire en 12e position, 1 jour 16 heures et 33 minutes après le leader, Charlie Dalin. Elle fait route désormais dans l’Océan Indien avec un moral retrouvé. 48 heures après la fortune de mer de Kevin Escoffier, qui l’a durement secouée comme l’ensemble de la flotte, la course a repris ses droits…

Un regain de confiance

La dernière semaine de course vécue par Isabelle était loin d’être simple. Entre la réparation du balcon arrière qui a transformé son bateau en chantier, les heures en moins consacrées au repos et à la stratégie, la dégringolade des températures en entrant dans les Quarantièmes Rugissants et surtout le naufrage violent de Kevin Escoffier, survenu lundi, la navigatrice a traversé des moments délicats. Le sauvetage du skipper de PRB et une bonne nuit de sommeil l’ont remise d’aplomb.

« Il y a eu des hauts et des bas ces derniers jours. J’avais vraiment besoin de dormir et cela m’a fait le plus grand bien. J’ai aussi retrouvé confiance en mon bateau. Il navigue vite et très sainement depuis le début de la nuit. Le moral va mieux car, il y a encore 48 heures, c’était l’angoisse avec l’accident de Kevin. On a tous passé la nuit à se demander s’il allait s’en sortir, une vraie douche froide. Quand on a appris qu’il avait été récupéré, cela a été l’euphorie. Et en même temps, ça tourne dans la tête. J’étais rentrée dans les mers du Sud juste la veille. Du jour au lendemain, j’ai été surprise par le froid. Tout cela réunit, cela faisait un peu beaucoup »

L’Océan Indien devant elle

C’est le plus redouté des océans qui attend maintenant Isabelle Joschke. L’Indien est pour elle un immense territoire inconnu qu’il va lui falloir apprivoiser. La traversée de ce désert maritime qui suscite fascination et nourrit aussi ses peurs sera longue et délicate.

« Il y a un côté magique, les couleurs sont dingues. On sent vraiment ici la puissance des éléments. C’est ce qui m’attire. Au milieu de cet environnement, je me sens une toute petite chose, encore plus fragile que dans l’Océan Atlantique. C’est aussi un endroit inhospitalier qui va me pousser dans mes retranchements. A chaque manœuvre ou lorsque je sors de ma bannette, je suis saisie par le froid Depuis quelques jours j’ai sorti les couches, les bonnets mais je garde les pulls pour les passages où il fera encore plus froid. Je vais aller dans les Cinquantièmes. Je ne veux pas cramer toutes mes cartouches d’un coup. Dans ce Vendée Globe j’ai décidé de tracer mon propre chemin, qui est apparemment très différent de celui des autres. Dans les Mers du Sud, cette envie est encore plus forte »

Premier bilan après un mois de course

La flotte du Vendée Globe 2020 a entamé sa quatrième semaine de course et les leaders ont bouclé plus de 25% du parcours. Isabelle et l’IMOCA MACSF pointent ce matin en 9 position. L’occasion de dresser avec Isabelle et son team manager, Alain Gautier, un premier bilan :

« La mise en jambes a été extrêmement riche en tout, en émotions, en frustrations comme en découvertes. Rentrer dans la course n’a pas été facile. Je ne vois pas le temps passer. J’en suis à ma quatrième semaine de navigation et j’ai l’impression, malgré les hauts et les bas, d’être de mieux en mieux dedans. Je ne pensais pas qu’au bout d’un mois les jours défileraient aussi vite. Il n’y a pas l’ombre d’un instant d’ennui »

Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe en 1993, analyse de son côté : 

« Le premier mois est souvent plus facile que le mois suivant qui se déroule dans le Sud. Et pourtant on s’aperçoit que cette première partie n’a pas été si simple. Isabelle s’en est très très bien sortie. Elle est tout à fait là où l’on voudrait qu’elle soit, c’est-à-dire toujours en course avec un bateau qui, en termes de potentiel, donne entière satisfaction. Elle a dû se battre pour y arriver. Maintenant c’est une autre course qui commence. Il va falloir mettre la performance pure de côté par moments pour penser gestion du bateau et gestion de soi-même »

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