L’IMOCA MACSF franchit l’équateur et retrouve l’hémisphère nord
Publié le 21 janvier 2025
Alors que s’ouvre la onzième semaine de course du Vendée Globe, Isabelle et son fidèle MACSF ont franchi cette nuit l’équateur. Le passage de ce repère symbolique marque le retour de notre skipper dans l’hémisphère nord. L’arrivée n’a jamais été aussi proche… Reste à savoir ce que le dernier tronçon de la course réserve à notre navigatrice, sur un océan Atlantique décidément imprévisible…
Rentrer à la maison, en restant fidèle à ses convictions
C’est officiel ! Isabelle vient de rejoindre l’hémisphère nord en franchissant l’équateur, pour la deuxième fois de son Vendée Globe. Notre navigatrice a dépassé cette ligne imaginaire tracée à mi-chemin entre les pôles en 15e position ce mardi 21 janvier à 5h04 (et 30 secondes), heure française, au bout de 71 jours, 16 heures, 2 minutes et 30 secondes de course. Elle retrouve la partie du monde qu’elle avait quitté le 22 novembre 2024, après 12 jours de mer, au démarrage de son tour du monde.
Pour le moment, Isabelle savoure la navigation dans des conditions plus propices, entre plaisir et récupération, et toujours dans l’optique de mener sa course avec les contraintes qui l’accompagnent depuis la casse de son foil tribord, survenue le 28 décembre dernier.
« Après 70 jours en mer, je suis vraiment heureuse, et au top ! C’est super de revenir dans le Nord, ça sent la maison ! Depuis le départ, je garde à l’esprit de faire ma course et de ne surtout pas me calquer sur celle des autres. J’ai un bateau sans foil tribord avec lequel je dois sans cesse composer. Je ne peux pas lutter contre des foilers qui disposent de leurs deux foils. Nous sommes dans des configurations différentes. J’ai mes contraintes, je ne peux pas les occulter. Même si au passage de l’équateur, les cartes vont être redistribuées avec mes concurrents directs. Nous repartons un peu à zéro. Je sais que ça va être compliqué, il va falloir que je fasse avec et que je trouve le meilleur compromis pour rentrer. »
Au cours des dernières semaines, notre skipper a en effet traversé une série de passages compliqués sur l’Atlantique, lors desquels elle s’est vue perdre de la vitesse et qui ont permis à ses poursuivants de revenir. Depuis, Isabelle évolue au sein d’un petit groupe formé avec d’autres skippers comme Damien Seguin, Tanguy Le Turquais, Benjamin Ferré et Giancarlo Pedote.
Une remontée de l’Atlantique en dents de scie
« J’ai le sentiment d’ouvrir une porte ». C’est par ces mots qu’Isabelle décrivait le franchissement du Cap Horn, le 6 janvier dernier. Une délivrance pour notre skipper, ravie de quitter l’hostilité du Pacifique pour regagner l’Atlantique, un océan qu’elle connaît bien. Et en effet, ces retrouvailles ont tenu toutes leurs promesses, en déroulant devant l’étrave de MACSF une mer plus clémente, favorable à de belles sessions de glisse en tribord amure (permettant de surfer sur son foil restant) dans la brise et sous le soleil. Mais tandis que notre navigatrice se réjouissait de ces sensations et du retour de la chaleur, une importante dépression se profilait au large des Malouines. Isabelle y échappera de peu. Ses poursuivants n’auront pas cette chance…
« Trois jours après le passage du Cap Horn, j’ai ressenti une fatigue immense. J’avais besoin de dormir. J’ai dû adapter la vitesse de mon bateau pour pouvoir m’octroyer ce temps. La chaleur a commencé à se faire ressentir rapidement et ça m’a fait un bien fou. Les nuits rallongent, elles sont plus noires, l’eau est plus verte et les températures plus douces. J’ai échappé au dernier coup de vent prévu et je navigue à présent sur les contours d’un anticyclone, en tribord amure. J’ai enfin retrouvé des vitesses plus cohérentes. J’espère désormais que le ventilateur ne s’arrêtera pas trop vite ! »
… racontait Isabelle le 11 janvier
Malheureusement, quelques jours plus tard, Isabelle s’est fait rattraper par une zone de molle au large de Rio, avec un enchaînement de grains et un vent oscillant entre 10 et 30 nœuds. Les passages de fronts se sont alors succédés, entre coups de vent et pétole. Et les manœuvres avec. Une situation contraignant notre skipper à prendre son mal en patience. Et comme pour arranger les choses, le Pot-au-Noir (cette fameuse zone de convergence intertropicale que les marins aiment tant), semblait vouloir retrouver notre skipper bien plus tôt que prévu, en lui donnant rendez-vous au niveau de l’archipel brésilien Fernando de Noronha.
« Pas de chance ! Si j’étais arrivée un peu plus tôt, ça serait surement passé. Je me prépare pour de nouvelles longues heures d’immobilité et de patience. Mon groupe se retrouve dans une grosse zone de molle au niveau de Fernando de Noronha…»
… expliquait Isabelle le 19 janvier
Un dernier acte potentiellement relevé
Finalement, cette zone sans vent au niveau de l’équateur s’est transformée en une belle opportunité pour notre skipper. Isabelle a ainsi profité de cette fenêtre météo clémente pour effectuer un check complet de son voilier. Car le dernier acte du tour du monde s’annonce corsé, avec un alizé virulent, la négociation de l’anticyclone des Açores (où certains concurrents traversent actuellement une énorme dépression) et l’approche de l’Europe et du golfe de Gascogne. Verdict : le bateau est paré pour attaquer le dernier tronçon de cette longue remontée vers Les Sables d’Olonne !
« Sur la fin du parcours, je ne sais pas encore à quelle sauce je vais être mangée. Mais ce qui est à peu près certain, c’est qu’il va y avoir pas mal de bâbord amure. Ça aurait été chouette que j’aie plus de vent dans ma situation actuelle car l’alizé offre de très belles conditions pour mon bateau par rapport aux dériveurs. Cela m’aurait permis de prendre un peu d’avance et de compter là-dessus pour le dernier tronçon. Quoi qu’il en soit c’est toujours sympa de naviguer en groupe et de faire un petit match. Et c’est ça qui est top aussi avec le Vendée : c’est qu’il y a des retournements de situation en permanence ! »
Cette dernière portion du parcours peut s’avérer très difficile et engageante mais il ne fait aucun doute qu’Isabelle saura trouver la meilleure route pour ramener son voilier à bon port. Rendez-vous début février pour les derniers milles d’une aventure hors du commun !