Mardi 1er décembre 2020

« Vraiment, ça secoue à bord ! »

Jointe en visio par l’Organisation du Vendée Globe hier matin, Isabelle était dans le cockpit de son IMOCA MACSF, traversant une mer grise et formée. Notre skipper nous raconte son entrée dans les mers du sud et les Quarantièmes Rugissants. Elle évoque la transition à laquelle elle se trouve confrontée.

« Ça déboule ! Le décor a changé. Il s’est mis à faire froid du jour au lendemain, je me suis dit qu’il fallait que je sorte couvertures, pulls, bonnet… Bref, ce n’est que le début ! Dans l’instant, ce n’est pas au plus fort au niveau des creux, il doit y avoir 3 ou 4 mètres. Il y a des accélérations de vent, et parfois ça se calme.

Dimanche j’étais impressionnée, j’ai vu cette grosse houle qu’on m’avait décrite. Une grosse houle qui arrive par l’arrière, et on se demande si ces murs vont nous rattraper… Il y a des albatros et des couleurs très particulières. Là, on y est !

On a du vent portant assez fort. Je m’acclimate, mais ce n’est pas facile. Les conditions de vie à bord sont vraiment compliquées. Vraiment, ça secoue à bord ! Faire à manger, aller devant l’ordinateur… Tout est compliqué. S’il n’y avait que la navigation, ça irait mais il y a quand même encore une petite « job list » sur le bateau. J’ai tout un tas de trucs à régler mais je pense que c’est le lot de tout le monde. À chaque jour sa découverte ! Il faut que je les règle le plus vite possible. Ça demande du temps, de la concentration, et ça prend de l’énergie.

Je donne le meilleur de moi-même, j’ai envie de doubler les bateaux proches. Devant ça a un peu freiné, c’est motivant pour moi. Il y a des moments où je suis très fatiguée, je me suis un peu cassée la figure dans le bateau, il ne faut pas que je tombe dans le piège de me blesser dans les mers du Sud, et là les conditions y sont clairement favorables… Je commence à sortir les couches mais je n’ai pas encore sorti les pulls en cachemire, j’en garde un peu sous le pied !

C’est le début des mers du Sud, c’est un peu grisant, mais je vous avoue que je me demande combien de temps je vais tenir avec cette mer ! Je vais devoir prendre sur moi. Sincèrement je n’en mène pas large. Ça va être difficile et long. Je ne sais pas encore comment je vais le vivre… »

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