Noël polaire dans le Pacifique pour Isabelle
Publié le 27 décembre 2024
Voilà bientôt sept semaines qu’Isabelle a pris le départ de son tour du monde ! A bord de son fidèle MACSF, notre skipper évolue désormais sur l’océan Pacifique, en 18e position. Retour sur les derniers jours de course qui ont suivi le passage du Cap Leeuwin…
Transition réussie de l’océan Indien au Pacifique
La sixième semaine de navigation d’Isabelle sur le Vendée Globe a été marquée par le passage du Cap Leeuwin au sud-est de l’Australie (le mardi 17 décembre à 7h15 HF), et l’entrée de l’IMOCA MACSF dans l’océan Pacifique, au dépassement de la latitude de la Tasmanie. Une transition heureuse pour notre navigatrice, ravie de quitter les eaux bouillonnantes et capricieuses de l’Indien pour retrouver une mer plus calme. Car depuis le passage du Cap de Bonne Espérance, à la pointe de l’Afrique du Sud, le quotidien de notre skipper et de ses concurrents directs est rythmé par une succession de dépressions, n’offrant que de rares moments de répit pour reprendre son souffle… Après quinze journées intenses passées à lutter contre les éléments (et le sommeil) pour traverser sans encombre cette zone périlleuse du globe, Isabelle a quitté l’océan Indien avec une importante fatigue.
« Ça va vite depuis hier ici au sud de l’Australie. Ma vie à bord reste très limitée par les mouvements saccadés du bateau et les coups de freins intempestifs. Même si ça n’a rien à voir avec les dernières semaines, ça reste sport ! Je passe beaucoup de temps calée dans le pouf pour étudier la stratégie ou juste pour supporter les secousses. Au plus près de la coque, c’est là que ça tape le moins… »
… expliquait Isabelle le mercredi 18 décembre, 39e jour de course
Car si la mer s’est apaisée, le vent reste soutenu et la vie à bord est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir dépassé le Cap Leeuwin, Isabelle affichait un nouveau record personnel à son tableau : celui de la plus grande distance parcourue en 24 heures, et ce pour la deuxième fois depuis le départ du tour du monde. Le 3 décembre, elle effectuait 458 milles en une journée. Entre le 16 et le 17 décembre, elle en avait parcouru 468,1 !
Le cap de la mi-course a été franchi
Le vendredi 20 décembre (41e jour de course) a marqué un nouveau jalon dans l’aventure de notre navigatrice, symbolisant le passage de la mi-course, avec 11 950 milles parcourus sur les 23 900 milles nautiques de parcours théorique ! Désormais, Isabelle se rapproche davantage des Sables d’Olonne qu’elle ne s’en éloigne, une donnée qui fait du bien au moral !
Le changement d’océan s’accompagnait d’un risque de calme plat lors duquel Isabelle craignait un moment de se faire rattraper par un groupe d’IMOCA à dérives emmené par Benjamin Ferré et Tanguy Le Turquais. Mais finalement, après 12 heures d’une accalmie bienvenue pour permettre de bricoler et de bien checker son voilier avant la traversée du Pacifique, notre skipper a su bien se placer pour sortir de ce piège anticyclonique, qui s’est refermé sur le pauvre Alan Roura, qui est quant à lui resté bloqué de longues heures sans vent…
« J’ai profité du calme pour réparer et réinstaller des bosses de ris dans la grand-voile, changer une amure de gennaker tout devant au bout du bout-dehors, assécher et inspecter le bateau. Ça m’a pris toute la journée et j’aurais pu en faire plus mais le vent est revenu assez vite. Depuis c’est bien reparti et ça a bien glissé toute la journée. »
Le 24 décembre, notre skipper a franchi l’antéméridien, avec sa bascule de longitude de l’est vers l’ouest. A présent, les longitudes vont défiler dans le bon sens, en se resynchronisant progressivement sur le fuseau horaire français.
Joyeux Noël !
Même à des milliers de kilomètres, en plein océan Pacifique, Noël s’est invité à bord de l’IMOCA MACSF. Pour sa plus grande surprise, Isabelle a découvert un sac qui avait été discrètement embarqué avant le départ du Vendée Globe, puis caché à bord par son équipe technique. A l’intérieur, des décorations de Noël – dont un énorme Père Noël gonflable – et une ribambelle de cadeaux offerts par ses proches : des chaussettes, de l’huile d’olive à la truffe, un livre, des truffes au chocolat, un bracelet, des pralinés à la truffe, du chocolat au rhum, un souvenir de la Mini Transat 2007…
Et pour le réveillon, notre skipper a pu s’offrir une jolie parenthèse avec un savoureux dîner :
« J’ai eu droit à un bon repas avec plein de bonnes choses qu’on m’a déposées à bord : des toasts à la truffe, un confit de canard et un Panettone en dessert, avec des biscuits de Noël préparés par ma maman. Le Père Noël est venu m’apporter plein de cadeaux : merci à tous, c’est vraiment trop chouette. Joyeux Noël ! »
Lutter contre le froid polaire
Depuis qu’elle a franchi le seuil symbolique des cinquantièmes (latitudes situées entre les 50 et 60 parallèles dans la zone de l’océan austral, proche de l’Antarctique), le froid se fait sérieusement ressentir à bord de l’IMOCA MACSF. Car si les eaux du Pacifique s’annoncent plus clémentes et moins hachées que celles de l’Indien, cette transition s’accompagne d’une vague de froid, face à laquelle notre skipper semble avoir plusieurs cordes à son arc :
« Depuis quelques jours, je suis entrée dans le frigo ! Le bonnet reste sur la tête et j’ai sorti les gants chauffants. J’ai choisi de ne pas emmener de chauffage pour des raisons de consommation de gasoil. En revanche j’ai une bouillotte et une ceinture polaire chauffante. Et quand j’ai vraiment froid, je me roule en boule sur mon pouf avec plein de couvertures. Franchement ça le fait ; j’ai froid, mais ça va ! La météo est globalement sympa. Il y a du vent, pas trop fort mais juste ce qu’il faut. Ça va durer comme ça un petit moment, avec une période un peu plus molle à venir et un retour du vent dans quelques jours pour passer le Cap Horn. C’est globalement plus cool que l’océan Indien, qui a laissé des traces. Je suis quand même bien cramée, et le froid pompe aussi de l’énergie. »
…racontait Isabelle le 23 décembre
La voilà qui navigue désormais aux antipodes, et toujours en bonne compagnie, à proximité de Jean Le Cam, Alan Roura et Giancarlo Pedote. Dans cette zone polaire, il faudra tenir malgré la fatigue, le froid et l’humidité permanente, en continuant pour Isabelle à extraire le meilleur de son IMOCA, avec une juste part de prudence et de mesure du risque.