Lundi 21 décembre 2020

« J’ai quitté l’Océan Indien et je m’en réjouis ! »

8e du Vendée Globe en ce lundi 21 décembre (43e jour de course), Isabelle goûte aux plaisirs du soleil et des sommeils réparateurs après un Océan Indien qu’elle a quitté vendredi dernier… et qui ne va pas lui manquer !

« Ça va plutôt pas mal en ce moment, je suis en mode « gros repos ». Depuis quelques jours, je me fais des nuits d’anthologie ! Il fait soleil, les températures sont agréables, le début d’après-midi est très agréable ! Je profite bien, parce que dès la fin de journée, quand le jour tombe, il fait un froid de canard, et les interventions sur le pont sont difficiles dans le froid. Je profite de ces instants plutôt cool, la mer est clémente depuis plusieurs jours, et je refais le plein d’énergie !

A la sortie de l’Indien, je sentais des tensions dans le dos alors que j’en ai très peu depuis le début de la course. La cause était une grosse fatigue cumulée suite à plein d’interventions et à un gros manque de sommeil. J’ai l’impression de me retaper profondément, musculairement et structurellement, ça va super bien. Je mange beaucoup aussi, parce que j’ai faim, le froid demande d’avaler des calories pour se réchauffer. Tout cela fait que, doucement, je m’acclimate, avec des moments très durs, qui sont passagers.

Moralement, ça va bien. Je suis mon petit train, j’essaie de ne pas me faire décrocher. Je pense qu’il peut y avoir une autre course dans l’Atlantique, mais je reste sur la réserve concernant les mers du Sud. A la moindre prise de risque il peut y avoir de la casse, ce qui est difficile à gérer avec cette température. Les vents sont toujours assez instables, ça peut donner de mauvaises surprises comme pour Damien (Seguin). J’en ai eu aussi. Je suis sur la réserve et ça me va pour l’instant. Je préserve mon bateau, je me préserve, j’essaye de faire des trajectoires correctes. En vitesse je ne suis clairement pas la plus rapide mais c’est OK pour moi pour le moment.

On a tous eu à un moment donné une grosse frayeur… Le vent de 20 nœuds qui monte à 40, le bateau pas prêt et pas réglé pour… Et cela a des conséquences : une voile qui se déchire, un bout qui casse, on s’est tous retrouvé à califourchon sur le bout dehors, en bout d’outrigger, il y en a qui ont dû monter au mât… Par ces températures, ce sont des épreuves ! Le vent est en train de ralentir, je suis clairement en train de contourner un anticyclone par le sud, dans du portant pas trop fort, force 4. Et, tranquillement, le vent va refuser. Dans les jours à venir, d’une navigation au portant on va basculer en vent de travers, et certainement à un moment donné à faire du près, ce qui n’est pas très habituel dans les mers du Sud.

La météo pour les dix jours à venir est plutôt clémente, ce ne sera pas facile tactiquement. Ce n’est jamais facile de toute façon de choisir la bonne voile et de faire face à l’instabilité du vent. Ce sera clément, et je réalise du coup que, cet Océan Indien dont je pensais ne jamais sortir, où c’était vraiment vraiment dur, je réalise que je suis sortie de ce truc là et que maintenant je pense être passée à autre chose. On va voir quoi… Mais je suis passée à autre chose et, franchement, je m’en réjouis ».

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