Une préparation exigeante pour le Rhum

Publié le 3 novembre 2022

Longue de 3542 milles (6562 km), la Route du Rhum – Destination Guadeloupe s’annonce incroyablement éprouvante, tant elle cumule un niveau de difficultés élevé en termes de rythme, d’intensité, d’attention permanente et de conditions de navigation souvent brutales et changeantes en cette saison dans le golfe de Gascogne. Pour espérer voir Pointe-à-Pitre et se donner les moyens de bien figurer à bord de son IMOCA, Isabelle, qui fera partie des 7 femmes engagées sur la course (dont 4 dans la catégorie des IMOCA), a suivi une préparation musclée, qui ne laisse pas de place à l’improvisation. 

Un travail spécifique et poussé sur les manœuvres

 

La Route du Rhum se rapproche d’une course de demi-fond qui oblige ses athlètes à savoir courir vite et longtemps tout en étant capables de repousser le seuil de la fatigue. Le skipper doit ainsi posséder une technique très au point s’il veut pouvoir encaisser et renouveler des efforts assez violents durant une dizaine de jours. Dans ce but, depuis plusieurs semaines, Isabelle et son team ont mis l’accent sur l’exécution des manœuvres à bord.

« Lors des entraînements, on a, entre autres, travaillé sur la durée et le timing des manœuvres. Je dois savoir avec précision combien de temps me prendra une manœuvre pour décider ensuite du moment auquel la déclencher. En enchaînant les exercices, l’objectif est de gagner en efficacité, d’essayer d’aller le plus vite possible tout en tenant compte de mes limites physiques. Je cherche à me mettre dans le rouge en habituant mon corps à supporter une grosse débauche d’énergie. L’enchaînement de ces manœuvres laisse des traces puisqu’on navigue dans des conditions humides avec un bateau qui bouge et qui tape. Pour moi, la vraie difficulté se situe dans la répétition des efforts à des moments de la journée où l’on peut être épuisé. »

Isabelle Joschke

Anticiper le manque de sommeil

 

A bord de l’IMOCA MACSF, les premiers jours de course seront particulièrement rudes. Pour encaisser cette grosse fatigue et s’y préparer sur le plan physique et mental, Isabelle compte sur l’expérience et les milles accumulés au cours des dernières années. Pour arriver au top de sa forme sur la ligne de départ à Saint-Malo, la navigatrice alterne les navigations, les séances de sport et les phases de repos à terre.

« Lors des premières 24 heures de course, il y aura très peu voire pas du tout de possibilité de se reposer. Je naviguerai dans la Manche avec du monde autour de moi, des cargos, des bateaux de pêche, les courants. Les jours suivants, cela restera compliqué. Quand on sort de La Manche et qu’on dégolfe, on se retrouve dans des conditions météo qui changent très vite, une mer difficile. C’est une phase où l’on est tout le temps mouillé et maltraité. A terre, le Pilates me permet de préparer mon corps et mes muscles en profondeur pour emmagasiner les chocs. Les mouvements réalisés sur le bateau me coûtent ainsi moins d’énergie. Le Pilates a aussi l’avantage de prévenir les blessures liées à l’usure de type inflammatoire comme la tendinite. »

Mettre le bateau à l’épreuve

 

Le développement du foiler est entré dans sa phase de finalisation. L’heure est aux ultimes réglages pour le team MACSF. Les dernières sorties en mer ont permis à l’équipe de peaufiner les ajustements pour la navigation au près et par vent arrière. Dans le même temps, l’ensemble des pièces neuves du bateau ont été testées et éprouvées.

« C’est l’intérêt de naviguer dans du vent fort. On sollicite tout ce qui est neuf à bord pour voir si cela tient. Cette année on a changé le système des jockey pool. Ce sont des tubes en carbone situés à l’arrière du bateau où passent les écoutes de spi et du gennaker (voiles d’avant). On devait contrôler leur fiabilité. Nous nous appuyons par ailleurs sur les outils informatiques mis au point par Fabien Delahaye, responsable de la cellule performance, pour continuer à accroître notre connaissance du bateau. »