Une superbe 12e place sur The Transat CIC
Publié le 10 mai 2024
Bravo Isabelle ! Notre navigatrice a coupé la ligne d’arrivée de The Transat CIC ce mercredi 8 mai en 12e position de la catégorie des IMOCA. Au total, elle aura mis 9 jours 23 heures 19 minutes et 49 secondes pour parcourir les 3 249 milles séparant Lorient de New York à bord de son fidèle MACSF ! Une expérience unique et cruciale pour l’avenir, dont Isabelle repart riche en enseignements, mais surtout avec son précieux ticket pour le Vendée Globe !
Une épreuve exigeante, sans équivalent
L’IMOCA MACSF a coupé la ligne d’arrivée de The Transat CIC ce mercredi 8 mai à 12h49 (et 49 secondes), heure française, en 12e position de la flotte des 33 IMOCA engagés sur la course. Pour Isabelle et son voilier, cette arrivée était peu commune car située au milieu de nulle part, à 130 milles des côtes new-yorkaises, sans bateau comité ni spectateurs. Un finish tout en discrétion, qui contrastait fortement avec les près de dix jours de mer (précisément 9 jours, 23 heures 19 minutes et 49 secondes) intensifs et chaotiques qu’a connus notre navigatrice lors de cette transatlantique ralliant Lorient à New York !
Car traverser l’Atlantique en solitaire, en course, contre vents et courants n’est jamais anodin. Éprouvée par l’engagement que demande cette exigeante épreuve, Isabelle a le sentiment d’avoir accompli une belle transat :
« J’ai réussi à faire une belle course tout en naviguant proprement. Il n’y a pas d’équivalent sur ce que j’ai pu croiser lors de mon précédent Vendée Globe. L’Atlantique Nord est vraiment particulier. Nous naviguons contre les systèmes qui évoluent sans cesse et, de plus, nous allons vers eux. Les conditions changent très vite, la mer est difficile, il y a le brouillard, le froid, bref c’est un univers bien à part. Le point d’orgue est survenu au milieu de l’Atlantique lorsque j’ai contourné une dépression par le nord et au portant : j’ai dû manœuvrer sans cesse. J’ai plusieurs fois roulé le gennaker et déroulé le J2, dû lâcher deux ris d’un coup puis les reprendre. Tout ça est hyper fatiguant mais je me sentais bien. Je me suis vraiment mise dans ma course à ce moment-là. »
Isabelle Joschke
Si Ia navigatrice n’a pas connu de gros problèmes techniques, sa grand-voile lui a tout de même donné du fil à retordre. En effet, cette dernière a commencé à se déchirer au passage du premier front, alors qu’Isabelle prenait un premier ris. Afin de préserver son bateau, la navigatrice s’est donc ensuite appliquée à manœuvrer le plus délicatement possible. Une décision qui impliquait parfois de ralentir et de positionner le curseur à sa juste place pour rester dans la compétition tout en maîtrisant la part de risques liés à une éventuelle avarie.
Rebondir, anticiper, savoir ralentir, préserver pour performer à sa manière : telles sont les clés d’une navigation qu’Isabelle aime mener. Sur cette Transat CIC, la skipper signe une très belle performance à bord de son IMOCA MACSF, et en retire de précieux enseignements pour sa participation au Vendée Globe, qui l’attend en novembre prochain.
Un excellent tour de chauffe pour le tour du monde
En quittant les pontons lorientais, Isabelle avait clairement exprimé ses ambitions pour cette course : pas d’objectif de résultat, mais l’intention de s’entraîner et de valider un certain nombre de paramètres en vue du Vendée Globe. Un apprentissage sur le matériel, la conduite à tenir, et surtout sur soi-même.
A commencer par sa manière de naviguer, en restant toujours connectée à ses besoins, et à l’écoute de son corps. Si elle ne se sentait pas assez préparée lors du départ de la transat, notamment du point de vue de sa musculature, Isabelle a pris le temps de s’immerger progressivement dans sa course, se sentant de mieux au mieux au fil des jours et des manœuvres. Lorsque l’effort physique devenait trop intense et que la fatigue commençait à monter, elle se forçait à aller se reposer, consciente des conséquences que peut générer le manque de sommeil, d’autant plus lorsqu’il s’accompagne de stress.
« C’est une expérience importante à faire pour moi, parce que je veux partir avec ce souvenir-là sur le prochain tour du monde. Le Vendée Globe est une course durant laquelle il ne faut pas se mettre dans le rouge tout de suite. Il y aura plein de moments où je serai moins en forme, moins affûtée, et il faudra quand même que j’aille manœuvrer et rester dans la course. Cette transat m’a appris à naviguer quand je ne suis pas à 100%. »
Isabelle Joschke
Par ailleurs, pour Isabelle, l’alimentation est un facteur clé de performance. La navigatrice accorde donc une grande attention à la préparation de son avitaillement, constitué en partie de plats déshydratés ou appertisés concoctés spécialement pour elle. Durant cette course, notre skipper avoue avoir manqué de diversité, en privilégiant la quantité à la variété. Il y a donc fort à parier que, dans la liste des recommandations pour le Vendée Globe, le choix des plats sera l’un des points importants à cocher !
Enfin, cette transatlantique très Nord a été l’occasion d’expérimenter le volet de la résistance au froid, dont Isabelle a beaucoup souffert lors de son premier tour du monde. Pour y remédier, plusieurs aménagements ont été effectués lors du dernier chantier d’hiver pour préserver la skipper de la fraîcheur, du vent et de l’humidité au niveau du cockpit. Ces mises à jour ont pu être validées par Isabelle, qui assure avoir gagné en confort. A l’issue de cette transatlantique, notre navigatrice a pu identifier d’autres éléments sur lesquels elle pourra travailler avec son équipe technique pour peaufiner sa préparation en vue du tour du monde.
Nous rappelons ici qu’en prenant le départ de The Transat CIC, notre skipper a validé sa participation au Vendée Globe 2024 et rejoint Samantha Davies (Initiatives Cœur) et Justine Mettraux (Teamwork – Team Snef) dans la liste des 6 femmes inscrites pour le tour du monde de l’extrême. Si tous les voyants sont au vert, il faudra tout de même attendre début juillet pour connaitre la liste définitive des 40 inscrits…
Place au convoyage vers Lorient !
A Newport, où est désormais amarré l’IMOCA MACSF, Isabelle a été rejointe par trois membres de son équipe technique (Florian Giffrain, Rémi Lhotellier et Jean-Marie Keryel), ainsi que par Julie Toulorge, coordinatrice générale du projet, et Alain Gautier, team manager.
Dès leur arrivée, le voilier a été inspecté sous toutes ses coutures. Bilan : l’IMOCA MACSF se porte très bien !
« Le bateau est sain, la structure aussi. Nous n’avons pas rencontré de grosses avaries lors de cette transat. On s’en sort très bien, ce qui est vraiment rassurant pour le Vendée Globe. Nous allons contrôler toutes les voiles afin de nous assurer qu’elles puissent supporter un convoyage retour. Nous allons sécher et nettoyer le bateau, vérifier l’ensemble du grément, checker les composants mécaniques, hydrauliques, électriques et effectuer les éventuelles réparations. La job list’ n’est pas si longue que cela, le bateau étant vraiment arrivé en bon état. »
Florian Giffrain, boat captain
A présent, l’objectif du team technique vise à remettre le bateau en ordre de marche pour son convoyage retour vers Lorient. Rappelons que ce dernier ne sera pas assuré par Isabelle, mais par trois membres de son équipe. Dès le retour du voilier à son port d’attache, de nouveaux travaux d’optimisation seront menés, en s’appuyant sur le retour d’expérience d’Isabelle. Tout un programme… !
La course d’Isabelle en chiffres
Heure d’arrivée : 12h 49 min 49 sec (heure française)
Temps de course : 9j 23h 19mn 49sec
Distance parcourue : 3 249,10 milles nautiques
Écart avec la première place : 1j 16h 26mn 17sec
Vitesse moyenne (sur l’orthodromie) : 12,33 nœuds
Vitesse moyenne réelle : 13,58 nœuds