Mardi 15 décembre 2020
« J’ai besoin d’évasion et de fraîcheur psychique ! »
Isabelle était à la vacation de ce mardi 15 décembre. Après 36 jours en mer, notre skipper explique qu’elle s’installe de plus en plus dans sa course.
« Mentalement ça va, c’est déjà une bonne chose. Je m‘installe de plus en plus dans ma course, je m’y sens de mieux en mieux. Techniquement, les trois derniers jours ont été super compliqués : j’ai eu des ennuis sur mes enrouleurs de gennaker (sur les bouts d’amure qui retiennent l’enrouleur de gennaker). J’ai dû faire plein d’acrobaties devant pour hisser et affaler les voiles. Physiquement, je me fatigue vite quand il y a une manœuvre difficile. Derrière je sens qu’il y a un moment où j’ai froid, je n’arrive plus à réfléchir et j’ai juste besoin de dormir. Aujourd’hui, je profite du temps calme pour faire un grand tour du bateau, checker, réparer… Je ne m’ennuie pas.
Il y a un point important, c’est que je dois réussir à m’accorder plus de temps, pour dormir et me poser. Vraiment, depuis le début j’en ai besoin, mais c’est impossible. Soit j’ai des problèmes en cascade, soit le vent se calme et du coup je me jette sur ma to do list pour réparer. Ou alors, il y a beaucoup de vent, donc il faut gérer la navigation. Il faut que je trouve un moyen de m’accorder du temps. Je ne retrouve pas ma liseuse, mais du toute façon, je ne sais pas comment j’aurais pu trouver le temps de lire ! (rires)
J’ai besoin d’évasion et de fraîcheur psychique ! Et l’ironie du sort c’est que je suis en restriction d’énergie parce que j’ai un hydrogénérateur cassé. Donc toutes les distractions audio, vidéo ne sont pas possible. Et ma petite liseuse, qui dans la vie ne me quitte jamais, là, je ne la retrouve pas ! Il faut trouver d’autres moyens. L’autre jour, j’ai fait de la méditation, ça marche bien. C’est sans doute ce que je devrais m’accorder un peu plus.
Dans cette course, il y a des moments où ça monte, où ça se passe très bien sportivement, et puis « badaboum », il y a un truc qui ne va pas et il faut réparer. On est tous dans le même cas de figure. Soi-même c’est dur de se jauger. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir remonter dans la flotte, c’est ce qui fait que j’ai bien la pêche et que je suis d’attaque. Dans la course, ça accélère, ça s’arrête, ça repart, ça s’arrête de nouveau ! Je dois m’adapter. C’est mieux par rapport aux premières semaines de navigation. Si j’ai une avarie, je sais que dans le classement, je vais peut-être perdre un wagon, mais je sais aussi que je peux remonter, ça m’atteint donc un peu moins.
Tout à l’heure, j’ai aéré la soute à voiles avant du bateau, l’air frais marin a fait beaucoup de bien à l’air enfermé et mouillé de l’intérieur du pic avant. Le bateau est totalement fermé. Depuis le naufrage de Kevin (Escoffier), j’ai fermé toutes les trappes. Là, j’ai senti que mon bateau avait besoin de respirer, un peu comme moi ! Comme si cet air iodé rafraîchissait les poumons du bateau. Comme ici il fait froid, il faut conserver la chaleur à l’intérieur, alors c’est très confiné. Du coup quand je sors, je respire, et c’est très agréable ! »
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