Suite au démâtage de son soixante pieds MONIN, survenu dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 novembre, Isabelle Joschke a vécu un voyage retour particulièrement éprouvant en direction de Lorient. Secouée par les vagues et à la merci des caprices du vent, la navigatrice a mis trois jours à remonter le Golfe de Gascogne pour rallier la terre ferme. Alors qu’un fort coup de vent était annoncé vendredi, son équipe technique lui a porté assistance pour la ramener au plus vite sur le rivage, à l’aide d’un remorqueur de 27 mètres de long. Arrivée saine et sauve à la Base de Lorient le vendredi midi, la skipper accuse le coup et se remet de ses émotions, avant de repartir encore plus forte dès la saison prochaine.

La course au large peut être cruelle. Après un début de saison prometteur sous les couleurs de son nouveau partenaire MONIN, Isabelle a traversé une douloureuse expérience lors de sa (première) participation à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Démâter de nuit dans 30 nœuds de vent n’est pas une situation simple à gérer. Face à la difficulté, Isabelle a su réagir rapidement en coupant tous les haubans afin de libérer le mât haut de 27 mètres, qui menaçait de percer la coque de son Imoca :

 » Monin a souffert lors du démâtage de lundi soir, en pleine nuit. C’était effrayant de voir le grand mât de mon bateau couler lorsque j’ai coupé les drisses et haubans qui nous reliaient. Dans l’action, j’ai eu à la fois peur de me blesser et de ne pas agir assez vite pour préserver la coque du navire. La mer était creuse, avec un vent oscillant entre 30 et 35 nœuds. Dehors, la nuit était noire comme de l’encre. Au lever du jour, mon bateau avait une petite mine… Par chance, l’ensemble de mon embarcation avait été relativement préservé. »

ISABELLE JOSCHKE

Les trois jours passés en mer pour ramener son MONIN blessé ont été particulièrement éprouvants pour le moral de la navigatrice, tout le travail accompli durant une saison étant balayé par une casse mécanique. Alain Gautier, le team manager, nous apporte quelques informations supplémentaires :

 » Tout le gréement est parti au fond de l’eau…  Il est donc difficile pour l’équipe de déterminer précisément la cause de cette avarie. La totalité des haubans avait été changée lors de la saison 2017 et devaient tenir jusqu’à la fin du prochain Vendée Globe. Un virement impromptu du pilote automatique est une situation susceptible de se produire et à laquelle les marins sont préparés. Les gréements sont conçus pour subir les contraintes liées à ce genre d’erreur de manœuvre imprévue. Il faut savoir que le gréement de Monin est de style classique, comme six autres soixante pieds de sa génération (2007). Nous savons que ce type de gréement est moins tolérant que les modèles assortis d’outriggers, et c’est pour cette raison que les Imoca les plus récents n’en sont plus équipés. Cette avarie va nous amener à bien réfléchir en vue de la préparation du Vendée Globe et Lanic Sport Team va tout mettre en œuvre pour apporter les solutions qui permettront à Isabelle de repartir sereine lors de ses prochaines courses. »

ALAIN GAUTIER

Quoi qu’il en soit, Isabelle a une fois de plus démontré qu’elle était une battante et qu’elle ne lâchait rien face à l’adversité. Ainsi, elle ne souhaitait pas être assistée pour ramener son bateau vers la terre ferme. C’est son team manager qui, à la vue des conditions météo musclées annoncées dans l’après-midi de vendredi, a pris la décision d’envoyer un bateau d’assistance afin de limiter les risques de sur-accident. Grâce à la société Iroise Mer et l’équipage de TSM PENZER, Alain Gautier a pu embarquer sur MONIN en pleine nuit afin d’aider Isabelle à attacher son bateau à l’arrière du remorqueur venu à sa rencontre. La mission sauvetage s’est déroulée en un temps record, grâce aux manœuvres parfaitement exécutées par l’équipage du TSM PENZER.

La navigatrice a pu rallier les côtes lorientaises de justesse avant que les conditions météo ne se dégradent. Isabelle a touché terre le vendredi 9 novembre, un peu après 12h00, chaleureusement accueillie par des amis et confrères de ponton. Sa malheureuse adversaire, la britannique Sam Davies (Initiatives Cœur), était également présente pour lui apporter du réconfort. Les deux femmes, toutes deux auteures d’un superbe début de course, se sont longuement serrées dans les bras. Elles n’ont qu’une seule envie : revenir encore plus fortes en 2019 !

 » C’est une réelle déception mais le soutien de MONIN et l’enthousiasme avec lequel j’ai été accompagnée sur le départ m’ont fait chaud au cœur. Ce départ de Route du Rhum restera pour moi un moment inoubliable. Un grand merci à tous ceux qui m’ont témoigné leurs encouragements avant et après cette fortune de mer. Ce genre d’incident n’est jamais facile à vivre, même lorsque ce n’est pas la première fois. Cela fait partie des expériences qui construisent un marin. Nous allons à présent très vite regarder vers l’avant et tâcher de remettre mon joli bateau sur pieds ! Quant à moi, je me prépare à rejoindre ma famille en Guadeloupe, afin de me ressourcer et de me remettre un peu de ces émotions. »

ISABELLE JOSCHKE

Isabelle et son équipe vont scrupuleusement analyser la situation afin de se préparer de manière optimale à la reprise de la compétition, début 2019, avec un Imoca plus performant. La skipper est consciente que cet échec est dommageable pour sa préparation mais elle peut compter sur une équipe solide.

En parallèle, le team poursuit activement sa recherche d’un second partenaire pour rejoindre MONIN au rang de sponsor titre.