Vendredi 11 mai dernier, Isabelle Joschke et sa coéquipière, Justine Mettraux, franchissaient la ligne d’arrivée de la Transat AG2R La Mondiale en 10e position. Pour ce duo 100% féminin, cette course aura duré 19 jours, 6 heures, 53 minutes et 2 secondes, le temps de rallier Concarneau à Saint-Barthélemy. Cette transatlantique, très exigeante sur les plans physiques et tactiques, a laissé un très bon souvenir à nos deux navigatrices, qui reviennent pour nous sur leur traversée, au contact de 19 autres équipages naviguant en Figaro.

Vous signez toutes les deux votre première participation à la Transat AG2R La Mondiale. Alors, cette course, c’était comment ?

Isabelle

« C’est assez étrange, mais je trouve que cette Transat a un goût différent… Pourtant, je n’en suis pas à ma première traversée de l’Atlantique mais celle-ci est vraiment particulière. Le fait que ce soit une course à armes égales en Figaro, qui est tout de même un circuit au sein duquel le niveau sportif est très élevé, nous oblige à toujours nous dépasser. Durant trois semaines, il n’y a aucun temps mort et chaque erreur peut coûter très cher. Cette course réclame un engagement non-stop, où il est primordial de savoir gérer sa fatigue au mieux pour rester dans la bataille et ne pas se faire distancer par les autres équipages. Sportivement, la Transat AG2R est une expérience incroyable. Cette course a vraiment été pour nous une grande source d’apprentissage. C’était fantastique, je me suis vraiment régalée et cette première participation m’a grandement donné envie de signer pour une prochaine édition ! »

Justine

« J’y ai trouvé un grand intérêt en termes de navigation. Lorsqu’on se lance dans une transatlantique, on se prépare à vivre une vingtaine de jours en mer. Il s’agit d’une expérience très riche, permettant de se perfectionner, en apprenant à mieux gérer son bateau par exemple, notamment en termes de stratégie. »

En quelque mots, pouvez-vous revenir sur votre course ?

Justine

« Lors de la traversée, nous avons subi quelques avaries qui n’étaient pas de notre fait. Je pense notamment à ce fameux OFNI – ndlr : objet flottant non identifié – que nous avons percuté en pleine nuit noire. Même si nous ne savons pas ce que cela pouvait être, une chose est sûre : ça a tapé fort et la structure du bateau a été endommagée. Nous avons eu de la chance car les safrans n’ont pas été touchés et cette rencontre fortuite ne nous a pas empêchées de poursuivre la compétition. Tout au long de la course, nous avons peiné à trouver de la vitesse. Peut-être que cet accident en était en partie responsable… Mais globalement, nous sommes plutôt contentes de la manière dont nous avons navigué. Quelques erreurs nous ont parfois coûté cher mais, dans tous les cas, cette Transat reste une très belle expérience, riche en apprentissage. Nous nous sommes vraiment accrochées pour conserver notre 10e place. J’ai pris un grand plaisir à naviguer avec Isa ! »

Dans quel état physique et mental vous trouviez-vous au moment de franchir la ligne d’arrivée, à Saint-Barthélemy ?

Isabelle

« Après ces dix-neuf jours de traversée, il y a indéniablement une part de fatigue. Mais curieusement, j’ai trouvé que nous avions la pêche ! Je me suis même fait la remarque qu’il n’était pas courant de terminer une transatlantique en étant aussi en forme ! (rires). Tout au long de la course, nous avons aménagé des temps de repos, afin de nous ressourcer. Très objectivement, on ne peut pas dépenser de l’énergie pendant trois semaines, sans jamais souffler. Nous avons traversé une phase très difficile au début de la course, à l’issue de laquelle nous nous sommes forcées à lever légèrement le pied, sous peine de faire des erreurs en raison de la fatigue. Il fallait rester compétitives pour jouer de bons coups et préserver notre place au sein de la flotte. L’arrivée à Saint-Barth était tout simplement magnifique. Nous avons reçu un accueil très chaleureux. Toute cette émotion et cette activité sur l’île nous ont donné une pêche monstrueuse ! (rires). »

Justine

« Nous avons vécu une superbe journée d’arrivée, sans pression. L’approche de l’île offre de superbes paysages et nous avons été accueillies par les écoles de voiles, présentes sur l’eau. Comme l’a dit Isa, nous avons eu l’occasion de recharger les batteries lors de notre traversée, et nous sommes en forme toutes les deux ! Je crois que nous ne pouvons pas en dire autant de notre bateau, qui mérite un peu de rangement et certainement quelques réparations ! »

La mixité est un sujet essentiel à mes yeux et je félicite Justine et Isabelle pour leur participation et leur résultat. Il n’y a pas encore assez de femmes dans cette course, qui n’en comptait que trois cette année. L’idée de mettre en place une course en double mixte pour la prochaine édition de 2020 est actuellement en réflexion. On voit que les femmes, à l’image d’Isabelle et de Justine, sont capables de concourir avec autant de succès que les hommes. J’invite donc la gente masculine à entrevoir des perspectives intéressantes sur des duos mixtes, qui, à mon avis, nous offrirons de beaux moments d’échange et de partage sur l’eau.

Yvon Breton, Directeur général délégué de la Transat AG2R La Mondiale

Vous étiez le seul duo 100% féminin de cette transatlantique. Un petit mot sur la mixité dans ce sport, sujet cher à Isabelle ?

Justine

« Dans le milieu de la course au large, nous sommes habituées à concourir contre des hommes et à naviguer en équipage mixte. La voile est l’une des rares disciplines dans lesquelles les deux genres peuvent naviguer l’un contre l’autre sans faire de distinction. Je ne fais aucune différence quant au fait de courir contre des hommes ou contre des femmes. Tous sont des concurrents et chacun essaie de faire au mieux. Et je pense que chez les hommes, cette considération est réciproque. »

Isabelle

« La voile est l’un des très rares sports mixtes où l’on ne voit pas de classements masculins et féminins séparés. La navigation en équipage mixte nous fait réaliser à quel point les hommes et les femmes sont complémentaires à bord d’un bateau. J’adore ce travail d’équipe en double, qui peut apporter de très belles synergies sur l’eau. »

CLASSEMENT
1. AGIR RECOUVREMENT
Adrien Hardy / Thomas Ruyant

2. BRETAGNE – CMB PERFORMANCE
Sébastien Simon / Morgan Lagravière

3. BREIZH COLA
Gildas Mahé / Nicolas Troussel

4. GUYOT ENVIRONNEMENT
Pierre Leboucher / Christopher Pratt

5. GROUPE ROYER – SECOURS POPULAIRE
Anthony Marchand / Alexis Loison

6. NF HABITAT
Corentin Douguet / Christian Ponthieu

7. ARMOR LUX – GEDIMAT
Erwan Tabarly / Thierry Chabagny

8. LE MACARON FRENCH PASTRIES
Eric Péron / Miguel Danet

9. LES PERLES DE ST BARTH
Ronan Treussart / Simon Troel

10. TEAMWORK
Justine Mettraux / Isabelle Joschke

11. SMURFIT KAPPA – CERFRANCE
Thomas Dolan / Tanguy Bouroullec

12. CONCARNEAU ENTREPRENDRE
Loïs Berrehar / Erwan Le Draoulec

13. BRETAGNE – CMB ESPOIR
Pierre Rhimbault / Romain Attanasio

14. EVERIAL
Tanguy Le Turquais / Clarisse Cremer

15. LES FRIGOS SOLIDAIRES
Mathieu Claveau / Pierre Loulier

16. CORNOUAILLE-SOLIDARITE ST BARTH
Guillaume Farsy / Renaud Nicot

Abandons :
MACIF
Martin Le Pape / Yoann Richomme

SAFERAIL
Damien Cloarec / Damien Guillou

SATECO-TEAM VENDÉE FORMATION
Benjamin Dutreux / Frédéric Denis

Et la suite ?

Très prochainement, Isabelle prendra part aux Monaco Globes Series, qui se tiendront dans la Principauté, du 1er au 8 juin 2018. Une quinzaine d’équipages sont attendus sur place, pour disputer cette compétition en Imoca, qui se naviguera en double. A cette occasion, Isabelle retrouvera son manager, Alain Gautier, qui sera son coéquipier à bord de l’Imoca Monin.

Crédit photo : Alexis Courcoux
A PROPOS DE LANIC SPORT TEAM

Lanic Sport Team a été créée par Alain Gautier en 1989 pour gérer les aspects techniques liés à la préparation des courses auxquelles il participait. Rapidement, Lanic Sport Team a pris en charge la gestion totale de ses projets et a aussi géré des projets de jeunes skippers. En 2019, cela fera donc trente ans que Lanic Sport Team évolue dans le milieu de la course au large avec succès.s les applications.