Dimanche 21 février 2021
Isabelle est en approche des Sables d’Olonne : « je me prépare à atterrir »
Contactée à la vacation de ce dimanche après-midi, Isabelle s’apprête à affronter sa dernière dépression avant de boucler son tour du monde en solitaire, hors course. La skipper nous informe quant aux dernières nouvelles du bord :
« Ça se passe bien. Hier les conditions n’étaient pas simples : j’ai passé un front avec du vent fort de nord-ouest et une mer vraiment pas facile, avec des grains très forts et violents. Ça m’a rappelé les mers du sud en fait ! Il y avait 6 mètres de houle annoncée, j’ai ralenti un peu pour laisser passer le gros et j’ai passé la nuit à manœuvrer car le vent n’arrêtait pas de changer. Aujourd’hui c’est plus cool, j’en profite pour me reposer un peu. Je me prépare à bientôt atterrir et à terminer cette longue aventure. Et puis avant ça je me prépare aussi à prendre un dernier coup de vent. Je vais devoir passer une dépression juste avant de rentrer dans le Golfe de Gascogne demain soir. Je me repose un peu pour pouvoir affronter ça avec toute l’énergie nécessaire.
Le vent va se lever en fin de journée, ça va monter doucement. Ça va souffler fort jusqu’à ce que je rentre dans le Golfe de Gascogne. Je pense que ça ne va pas être facile. C’est un peu la dernière ligne droite. Dans l’ensemble mon bateau va bien mais j’ai toujours la quille dans l’axe depuis le Brésil. Ça n’aide pas à traverser les coups de vent, les grains. Le bateau part souvent au lof, il est bien moins raide à la toile. J’aimerais naviguer plus vite mais ce n’est pas évident. Je vais jouer la prudence dans ce dernier coup de vent. Je ne peux pas y échapper, il s’étale sur une grande distance et il va durer un petit bout de temps. Là l’idée c’est d’essayer de passer avant que ce ne soit trop fort.
On communique beaucoup avec Sam (Davies), on se donne des nouvelles tout au long de la journée, sur nos conditions, comment nous sommes toilées… Hier on s’était mises d’accord pour traverser cette dépression avec la même stratégie. Mais je vais finalement devoir me décaler un peu, Sam doit malheureusement rester encore assez lente, étant donné que dans le petit temps elle n’a pas vraiment la voilure pour avancer. Elle n’a plus de solent, plus de J2. Elle peut difficilement naviguer avec sa grand-voile haute je crois… Hier on était à 70 milles l’une de l’autre, autant là la distance s’est agrandie. Donc, je vais passer en avant du gros de la dépression et probablement que Sam passera derrière. Nous nous sommes mises d’accord sur le fait que nous n’arriverions pas ensemble aux Sables d’Olonne, en raison des contraintes qui la concernent. Dans la mesure où l’on se rapproche des côtes, elle a aussi moins besoin d’escorte. On reste bien sûr en contact mais pour l’instant c’est OK pour que je prenne de l’avance et que j’arrive probablement avec une petite journée d’avance sur elle.
J’ai parfois des temps morts. Hier ce n’était pas évident avec beaucoup de manœuvres cette nuit. Aujourd’hui je profite que les conditions soient plus calmes pour me poser, pour lire. Durant mes deux mois en course, j’ai très peu lu, parce que j’étais très absorbée par la compétition, et puis parce que je n’avais pas grand-chose sous la main. Maintenant ça a changé. Je prends du plaisir en mer, je suis détendue, ça fait aussi partie de cette aventure, car il n’y a plus de compétition. Revenir du Brésil c’était tout de même plus un convoyage qu’une course. Après c’est vrai que j’ai envie d’arriver le plus vite possible ! Je trouve ça chouette, ça me permet aussi tranquillement de me préparer mentalement au retour à terre, à débarquer de mon bateau et à quitter ce Vendée Globe »
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