Isabelle répond à vos questions (partie ½)

Publié le 7 mars 2023

En ce début d’année, nous vous avons invités à poser vos questions à notre skipper. Il faut croire que le sujet a attisé votre curiosité car vous avez été nombreux à nous écrire ! Retrouvez à suivre la première partie de son interview inédite !

Comment occupes-tu ces journées d’hiver pendant que ton IMOCA est en chantier ?

L’hiver se découpe en plusieurs parties. De janvier jusqu’à la mi-février, je me suis rendue tous les jours sur le chantier à Lorient pour faire le point avec l’équipe technique, débriefer ensemble sur la saison passée et suivre les modifications en cours sur le bateau. Ce début d’année m’a également permis de me mettre à jour sur le plan administratif (bilan comptable de fin d’année, point sur les factures et les notes de frais). En parallèle, j’ai démarré mon programme de récupération, avec une séance de Pilates par jour, la reprise de la course à pied et de la marche rapide, les baignades en eau de mer…  Pour résumer, quand je ne suis pas en course, je suis soit en phase de préparation, soit en phase de récupération. Je profite également de cette période plus calme pour consacrer du temps à mon sponsor, la MACSF. Courant janvier, nous sommes partis à la rencontre du personnel soignant du CHU d’Amiens pour échanger sur des thématiques propres au monde du sport et de la santé. J’ai également pu partager un déjeuner avec les collaborateurs de l’agence MACSF de Rennes. En parallèle, je poursuis mon engagement auprès de l’association Horizon Mixité, que nous avons fondée début 2013 et qui fête ses dix ans cette année ! Pour célébrer cet anniversaire, nous avons monté divers projets, notamment un partenariat avec la mission locale de Lorient et la Maison de quartier de Kervénanec dans le but de faciliter l’accès aux métiers de la mer et à l’environnement maritime aux jeunes femmes défavorisées. A partir de la mi-février, je prendrai un temps de repos loin du chantier, afin de me ressourcer et repartir en pleine forme à la reprise de la saison !

Qui sera ton duo sur la Transat Jacques Vabre ?

Aujourd’hui, c’est encore une surprise. J’aurai le plaisir d’annoncer le nom de mon binôme d’ici quelques semaines aux côtés de mon sponsor. Tout ce que je peux dire, c’est que ce sera un duo sympa !

Que penses-tu de la décision du team Banque Populaire par rapport à Clarisse Crémer ? Un commentaire sur la condition des femmes dans la voile ?

Ce qui se passe dans la voile n’est que le reflet de notre société. La situation de Clarisse montre que, quelles que soient les raisons qui ont conduit à cette décision, il est plus compliqué pour une femme de participer au Vendée Globe et d’avoir des enfants, ce qui n’est pas du tout le cas pour un homme. Dans notre société, les femmes n’ont clairement pas les mêmes droits que les hommes. Bien sûr qu’il y a des actions mises place pour favoriser la présence féminine dans notre sport, à l’instar de l’Ocean Race qui impose une certaine mixité, la Transat Paprec ou encore les Jeux Olympiques en Nacra 17 qui se courent en double mixte. Ces initiatives positives doivent être valorisées. Mais en même temps, ce qui est arrivé à Clarisse montre qu’il reste encore beaucoup de progrès à faire pour qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans le monde de la voile et de la course au large, qui reste une carrière au long cours… Il y a vraiment une histoire d’éducation et de stéréotypes à déconstruire pour comprendre que la gestion des familles n’est pas seulement une affaire de femme.

Aimerais-tu participer à the Ocean Race comme skipper ou équipière ?

Aujourd’hui, participer à the Ocean Race n’est pas au programme car je suis focalisée sur mon projet de Vendée Globe. La période hivernale est là pour reprendre des forces et faire le plein d’énergie pour se donner toutes les chances de réaliser une belle saison. Si l’on est en compétition l’hiver et l’été, il y a un moment où l’on n’a plus de jus… Pour ma part, je me concentre pour être au top de ma forme en novembre 2024. Si je n’avais pas eu mon programme en solitaire, vivre cette expérience aurait pu être chouette.

Préfères-tu naviguer de nuit ou de jour ?

Je dirais que ça dépend ! Si le temps est mauvais, je préfère naviguer de jour car on anticipe mieux les vagues. Naviguer de nuit lorsqu’on ne voit pas la houle et qu’elle est dangereuse ajoute beaucoup de stress. En revanche, quand il fait beau et qu’il y a la lune et des étoiles dans le ciel, les nuits en mer sont juste géniales ! Cela dépend aussi de mon niveau de fatigue. Quand je suis très fatiguée, il est plus difficile la nuit de résister à l’endormissement. Finalement, il faut les deux pour les apprécier pleinement !

Te verrons-nous au prochain Vendée Globe ?

Il paraît que oui (rires) ! Le Vendée Globe 2024 est bel et bien au programme.

A suivre !