Alors que l’échéance du départ approche à grand pas, l’équipe du monocoque MONIN a choisi de ne pas déroger aux routines qu’elle s’est imposée. Que ce soit Gurloës et Vincent en charge de la préparation technique du bateau, Alain Gautier le team manager ou Isabelle Joschke elle-même, tous s’astreignent à des modes de fonctionnement simples et clairs, un moyen idéal pour faire baisser la pression.
« Sur un événement comme la Route du Rhum, les sollicitations sont permanentes. On a déjà vu des marins hypothéquer leurs chances avant même que la course ne démarre parce qu’ils avaient mal géré cette période cruciale… » Alain Gautier sait de quoi il parle. Aussi a-t-il veillé à ce que l’environnement d’Isabelle lui permette de rentrer progressivement dans sa bulle, de se concentrer sur sa course à venir. Comment s’organise l’équipe pour parvenir à ce résultat ? La parole aux acteurs…
Vincent et Gurloës, préparateurs du monocoque
« On essaye de venir de bonne heure le matin, car jusqu’à 10 heures, le village est fermé au public. C’est le moment idéal pour charger du matériel, donner un petit coup de jet d’eau sur le bateau. Ensuite, on essaye de répartir les tâches pour faire qu’aux heures de pointe, on soit plutôt à travailler à l’intérieur du bateau. Dès qu’on est sur le pont, on est sollicité à longueur de temps : ce sont tous des gens bienveillants, mais on ne peut pas passer notre journée à répondre à leurs questions. L’objectif, c’est de faire que le bateau soit prêt samedi à 18h. Pour autant, notre tâche ne sera pas terminée. Quand la bouée du cap Fréhel sera passée dimanche, on pourra commencer à respirer.
Chaque jour, on fait le point sur la job list avec Isabelle dès le matin. On essaye de faire que ce soit court : plus on va se rapprocher du départ, plus elle devra entrer dans sa bulle. A charge pour nous d’être présents sans être intrusifs. De toutes les façons, il faudra bien que la job list soit close. C’est un peu comme quand on construit une maison. A un moment, il faut arrêter les travaux et emménager. Il ne faut jamais oublier que c’est à nous de nous adapter. C’est important pour ça qu’il y ait une vraie relation de confiance qui soit établie entre l’équipe technique et le skipper. Sur les deux années qui vont précéder le Vendée Globe, il n’y aura pas tant de courses en solitaire, cette Route du Rhum, c’est aussi une répétition, un entraînement pour nous. »
Alain Gautier, manager
« De par la diversité des tâches que j’ai à gérer, c’est difficile pour moi d’avoir une journée type. Par exemple, chaque jour, je dois entretenir les relations avec notre partenaire : organiser des visites du bateau, expliquer comment Isa arrive à manœuvrer un tel bateau. Sinon, je dois faire le point avec l’équipe technique et une grosse part de mon temps est consacrée aux questions logistiques : l’hébergement de l’équipe, la préparation de l’arrivée en Guadeloupe, etc. On est une toute petite équipe, donc il faut savoir un peu tout faire… Malheureusement, je n’ai que deux bras. On essaye de régler les questions techniques le matin quand la foule est un peu moins dense. Sinon, c’est beaucoup de temps au téléphone ou devant l’ordinateur. Je n’oublie pas que nous avons le futur à préparer. On profite du brouhaha de la Route du Rhum pour essayer de motiver de nouveaux partenaires. On essaye vraiment de préserver Isabelle. C’est sa première Route du Rhum, il faut éviter la surchauffe. »
Isabelle Joschke, solitaire entourée
« Mon quotidien est assez bien réglé. Je ne me lève pas trop tard et je pars courir immédiatement. De retour à mon appartement, je prends une bonne douche écossaise en alternant chaud et froid pour bien me réveiller. Puis vient l’heure de la météo. Aujourd’hui, j’ai pris un peu de temps pour moi en préparant des choses fraiches pour mon repas de dimanche. Avec mon préparateur mental, on passe au moins une heure ensemble dans la journée. C’est une technique assez originale puisqu’on travaille le mental à partir de mouvements du corps… En tous cas, ça fonctionne plutôt bien, je m’y retrouve. Ensuite, je passe un peu de temps au bateau, c’est l’heure de rencontrer les journalistes et les quelques amis qui viennent me rendre visite. On se voit cinq à dix minutes, mais c’est sympa. Je n’oublie pas, chaque après-midi, de passer une heure environ dans la loge de Monin, mon partenaire. Puis je rentre tôt dans mon chez moi. Je refais un peu de météo, je mange tôt (ça doit être mes origines allemandes qui reviennent à la surface) et je suis couchée de très bonne heure. Cette année, je n’ai pas eu beaucoup de difficultés à entrer dans ma bulle. Je me suis organisée pour ne pas avoir beaucoup de missions techniques à Saint-Malo. Donc, non, ce n’était pas vraiment compliqué. Je suis agréablement surprise de constater que le planning média est bien géré… J’ai juste ce qu’il faut de sollicitations. Et comme l’équipe technique est particulièrement efficace, tout roule. »