Dans la nuit de lundi à mardi, constatant une sérieuse baisse de vitesse sur le traceur de l’Imoca MONIN, la Direction de Course alerte Alain Gautier par SMS afin de l’informer de la situation. Une demi-heure plus tard, Isabelle Joschke annonce à son team manager qu’elle vient de démâter. Il fait nuit au moment de l’accident (3h50) et la skipper n’a pas encore pu constater l’étendue des dégâts à bord. Plus de peur que de mal ! Isabelle n’est pas blessée et aucune voie d’eau n’est à déclarer. Guidée par son équipe technique, la skipper s’emploie désormais à ramener son bateau vers la terre ferme, doucement mais sûrement.

un démâtage survenu après une erreur de pilotage automatique

L’accident est survenu très tôt ce matin, à plus de 300 milles au sud-ouest de Ouessant. L’avarie est liée à un dysfonctionnement du pilote automatique, conduisant l’Imoca MONIN à effectuer un virement de bord imprévu. Lorsqu’Isabelle sort sur le pont, son bateau est à l’horizontal, complètement couché sur l’eau, dans un vent de 35 à 40 nœuds :

 » Je n’ai pas bien compris ce qu’il s’est passé… J’ai essayé de rétablir la situation en repartant bâbord amure et c’est à ce moment-là que le mât a cédé. Je me suis retrouvée en pleine nuit avec le mât en plusieurs morceaux : un sur le pont, un second dans l’eau… C’était chaud… « 

La situation est périlleuse : le bateau est complètement à l’arrêt, exposé au vent et à la houle, avec des vagues de 5 à 6 mètres de creux. Bravant le danger, Isabelle se déplace sur le pont pour couper les câbles retenant le mât. Elle abandonne ce dernier à la mer, afin d’éviter que le mât disloqué ne cause d’autres dégâts à bord.

 

Crédit photo : Thierry MARTINEZ

RETOUR VERS LES CÔTES BRETONNES

Après s’être remise de ses émotions, Isabelle a pu entrer en contact avec son équipe technique, afin d’établir un routage en direction de la terre ferme. Si la Corogne, ville portuaire située au nord-ouest de l’Espagne, apparaissait comme la destination la plus proche, la route pour y parvenir était problématique en raison de l’orientation du vent.

Isabelle a donc mis le cap vers la Bretagne, poussée par les vagues, à une vitesse d’environ 3 nœuds. L’idée est d’économiser au maximum son moteur, qui ne dispose plus que de 24 heures d’autonomie. À l’heure actuelle, on ne sait pas encore dans quel port la navigatrice s’amarrera. D’après les prévisions d’Alain Gautier, Isabelle devrait rallier la Bretagne d’ici samedi.

La course est terminée pour la navigatrice franco-allemande, qui avait pris un très bon départ. Malgré sa déception, Isabelle va de l’avant, forte du soutien de ses proches, de son équipe et de son sponsor, MONIN.

 

«  Isabelle, avec son sang-froid habituel et son expérience, a réussi après trois heures d’effort à scier tout le gréement dormant et ainsi se débarrasser du mât qui risquait d’endommager la coque. Toute l’équipe MONIN, avec ses 300 salariés dont 60 étaient venus l’accompagner au départ, ainsi que le Team d’Alain Gautier, restons toujours à ses côtés pour la soutenir dans cette nouvelle épreuve. Nous allons nous concentrer sur le perfectionnement et l’objectif des trois prochaines saisons, avec le Vendée Globe 2020 en point d’orgue. « 

Olivier MONIN, PDG de la société MONIN

 

 » Pour tout compétiteur ou sportif de haut niveau, l’accident engendre de la déception pour soi-même comme pour l’entourage professionnel et personnel. Si cet abandon prive Isabelle d’expériences en termes de navigation en solitaire, elle va aussi lui montrer de quoi elle est capable en cas de coup dur. On apprend beaucoup des échecs dit- on ; je le pense. Notre objectif avec MONIN et de futurs partenaires est le Vendée Globe 2020. D’ici là, chantier, entrainements et courses viennent baliser notre préparation. Isabelle sera à terre ce week-end et l’équipe prête à prendre en charge la plateforme afin de démarrer un chantier qui était prévu de toutes les manières après la Route du Rhum. « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » aimait à dire Nelson Mandela… « 

Alain GAUTIER, Team Manager de Monin Sailing Team

 

Crédit photo : Jean-Louis COUËDEL

LES AVARIES SE MULTIPLIENT SUR L’ATLANTIQUE

Un second démâtage était à déclarer hier matin : celui de Sam Goodchild, à bord du Class 40 Narcos : Mexico. Après les incidents survenus précédemment à bord de l’Ultime Gitana (Sébastien Josse), l’Imoca Charal (Jérémie Beyou) et de l’Ultime Sodebo (Thomas Coville), on apprenait hier après-midi le chavirage de l’Ultime Banque Populaire, barré par Armel Le Cléac’h.

Les conditions météo ne sont pas tendres avec les skippers, et la situation va encore se dégrader sous l’influence d’une dépression au nord de l’Atlantique. Plus d’une trentaine de bateaux sur les 123 engagés sont partis se mettre à l’abri dans les ports les plus proches, en attendant le passage des deux dépressions annoncées pour les heures à venir.