Carnets de bord du Vendée Globe 2020 – 2021
Le Vendée Globe 2020 – 2021
Le carnet de bord d’Isabelle
Chaque vendredi, durant toute la durée du Vendée Globe d’Isabelle, l’Humanité a publié en exclusivité dans les pages de son journal le carnet de bord d’Isabelle. Un rendez-vous hebdomadaire à retrouver ici-même, et qui a permis à ses lecteurs de ne pas perdre une miette de l’aventure de notre skipper au cours de son tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.
Le 25 décembre 2020
« Noël dans les petits airs du Pacifique »
Tout aussi redouté que la tempête dans une dépression, le coup de frein imposé par un anticyclone installé sur la route du cap Horn fait partie des situations que l’on peut rencontrer dans le Vendée Globe. Les mers du Sud offrent alors à voir des paysages idylliques et des ciels jamais vus. Entre la palette des bleus pastel à la tombée du jour et le halo orange qui dessine l’horizon tout au long de la nuit, faisant face aux rayons chaleureux de la lune, le spectacle me rappelle combien loin de chez moi je suis venue chercher ces instants-là.
Pendant que les fêtes de Noël imposent, elles aussi, un arrêt du temps pour se rassembler en famille, ici dans le Pacifique ce sont les petits airs qui ralentissent la cadence de la course. Pas plus qu’auparavant je me sens maître de la situation, qui m’enseigne une nouvelle fois la patience et comment garder confiance. Pendant que d’autres avalent les milles, mon MACSF glisse bien lentement vers son objectif. Le jeu consiste alors, me semble-t-il, à faire avec ce rythme imposé.
Attendre que la route se libère sans regarder derrière moi la cadence de mes poursuivants. Attendre, trouver le temps long, réparer ce qui nécessite de l’être, assécher, ranger, prendre le soleil. Faire le plein d’énergie et, enfin, après plus de six semaines embarquées, juste profiter de l’instant. Cette situation me révèle, à son tour, combien mon état d’esprit a changé depuis les tracas de l’Atlantique et de l’océan Indien. Comment ce changement s’est-il opéré, je ne saurais vraiment le dire, mais une chose est sûre, c’est que tout au long de cette route sinueuse, tortueuse et dangereuse, je me suis toujours autorisée à vivre à fond mon état d’âme du moment.
Alors ce soir je vais me tourner vers ma famille, fêter Noël en pensée avec elle et m’offrir un repas de plaisir au pied de mon petit arbre improvisé. Puis je vais goûter comme le plus beau des cadeaux le privilège de passer ce moment au sein de l’aventure qui m’a si longtemps fait rêver.
Crédits photos : © Ronan Gladu – © L’Humanité – © Droits réservés
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